Erevan rejette les parallèles entre les évenements actuels en Biélorussie et sa « révolution » de 2018

Le ministre des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanian a rejeté les comparaisons entre la poursuite des manifestations antigouvernementales en Biélorussie et le soulèvement populaire qui a renversé l’ancien gouvernement arménien en 2018.

Les manifestations de masse dans la capitale Minsk et dans d’autres régions de la Biélorussie ont été déclenchées suite à l’élection contestée, dont les résultats officiels ont donné une victoire écrasante à Alexandre Loukachenko, président autoritaire du pays. Ce dernier nie les allégations de l’opposition selon lesquelles il aurait truqué le scrutin du 9 août pour prolonger son mandat qui dure depuis 26 ans.

Certains commentateurs voient des similitudes flagrantes entre les manifestations biélorusses et les manifestations nationales déclenchées par la tentative de l’ancien président arménien, Serge Sarkissian, de conserver le pouvoir après avoir terminé son deuxième et dernier mandat présidentiel en avril 2018. Les manifestations pacifiques connues sous le nom de Révolution de velours avaient à l’époque paralysé d’Arménie, contraint Serge Sarkissian à démissionner et porté au pouvoir le leader de la contestation, Nikol Pachinian.

Mnatsakanian a rejeté ces parallèles dans une interview avec l’agence de presse russe Interfax, publiée lundi soir.

« L’Arménie a suivi sa propre voie et il n’est pas tout à fait correct de faire un parallèle sur cette base, a-t-il commenté. Certes, il peut y avoir des paramètres communs mais, dans l’ensemble, ce sont des situations différentes. »

« Le plus important est d’accepter et de reconnaître que la solution au problème est la prérogative du peuple biélorusse. Nous espérons vivement que cette situation sera résolue pacifiquement », a-t-il ajouté.

Interrogé sur la question de savoir si l’Arménie reconnaît Loukachenko comme le dirigeant légitime du pays, Mnatsakanian a répondu : « Le Premier ministre Pachinian a félicité le président de la Biélorussie. Nous avons l’intention de continuer à travailler avec cette nation dans toutes les directions, à la fois dans le cadre des relations bilatérales et dans des formats internationaux. »

Le message de félicitations de Pachinian adressé à Loukachenko a été dénoncé par des militants de la société civile arménienne et des personnalités de l’opposition. Certains d’entre eux ont accusé le Premier ministre de fermer les yeux sur une répression brutale contre les manifestants biélorusses lancée par les forces de sécurité juste après les élections contestées. Les alliés politiques de Pachinian ont défendu la position, invoquant implicitement les intérêts géopolitiques de l’Arménie.

L’Arménie et la Biélorussie sont membres de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et de l’Union économique eurasienne dirigée par la Russie. Cette dernière montre de plus en plus son soutien à Loukachenko malgré les relations difficiles du président Vladimir Poutine avec l’homme fort biélorusse.

Confronté au plus grand défi de son règne, Loukachenko a accusé l’Occident de financer les manifestations et de masser les forces de l’OTAN aux frontières du pays. Il a annoncé qu’il pourrait avoir besoin de l’aide militaire de la Russie et de l’OTSC.

Mnatsakanian ne serait pas partant pour une éventuelle intervention de l’OTSC dans les développements en cours en Biélorussie. Il a fait valoir que le gouvernement sur place ne l’avait pas demandé jusqu’à présent.

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