Les Etats-Unis bougent, cent jours après la mort de George Floyd

Dans la ville américaine de Portland, cent jours après la mort de George Floyd, quadragénaire noir étouffé sous le genou d’un policier blanc à Minneapolis, des manifestants opiniâtres continuent à dénoncer presque toutes les nuits le racisme institutionnel et la politique de Donald Trump.

Certes, la spectaculaire mobilisation des débuts s’est émoussée, notamment les jours de semaine où les rassemblements peinent à attirer plus d’une centaine de personnes dans la plus grande ville de l’État de l’Oregon (650’000 habitants). Mais les manifestants, surtout des jeunes de moins de 25 ans, sont bien là, déterminés à faire entendre leurs voix à deux mois du scrutin présidentiel, alors que les bavures policières ne cessent de continuer.

«Si on veut changer le système, on doit continuer à le dire dans les rues, au moins jusqu’à l’élection», estime «S», un manifestant qui ne donne que l’initiale de son prénom. «Trump a fait un boulot pourri, le pays n’a jamais été aussi divisé», s’emporte-t-il, accusant le président républicain d’instrumentaliser le mouvement.

Donald Trump cite en effet régulièrement en exemple les manifestations de Portland, qui dégénèrent parfois en affrontements avec la police, pour agiter le spectre d’une Amérique à feu et à sang, à la merci des «voyous» d’extrême gauche et autres «terroristes de l’intérieur» en cas de victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

«Nous ne cherchons pas à mettre le feu, nous ne cherchons pas à provoquer des émeutes. Nous sommes là pour faire passer notre message», assure à l’AFP Reese Monson, 30 ans, l’un des leaders du mouvement «Black Lives Matter» («Les vies noires comptent») à Portland, avant un rassemblement devant un commissariat de la ville.

Quelques dizaines de jeunes casqués et masqués, pour beaucoup des militants antifascistes vêtus de noir, insultent et provoquent les policiers qui les éblouissent en retour à l’aide de puissants projecteurs. Ce soir-là, la situation ne s’envenimera pas, contrairement à beaucoup d’autres qui se sont terminés dans l’odeur des gaz lacrymogènes.