En France, « des forêts commencent à mourir » de sécheresse

L’épisode de sécheresse gagne du terrain en France, dans le Sud, la vallée du Rhône et le Grand Est. « La situation est assez difficile dans les régions viticoles » et « des forêts commencent à mourir », observe samedi 5 septembre sur franceinfo l’hydroclimatologue Florence Habets, directrice de recherche au CNRS et professeure attachée à l’ENS.

franceinfo : Quelles régions sont touchées par la sécheresse cet été ?

Florence Habets : La situation est assez difficile dans les régions viticoles. La sécheresse est très importante dans ces régions depuis plusieurs années, ce qui ne favorise pas une bonne alimentation des plantes en eau et donc une bonne poussée. Cette année, il y a également la vallée du Rhône qui est concernée mais le Grand Est a une particularité parce que ça fait plusieurs années de suite, alors qu’auparavant les sécheresses étaient quand même assez rares. Là, trois années de suite avec des sécheresses, ça devient vraiment problématique notamment pour la forêt. Des forêts commencent à mourir. C’est vraiment un problème. Elles sont beaucoup exploitées de nos jours, donc on a choisi et sélectionné certains arbres qui se trouvent être assez sensibles finalement aux problèmes de sécheresse et puis aux attaques d’insectes. Ces arbres ont besoin d’eau pour lutter contre ces insectes mais comme il n’y a pas assez d’eau, ils n’arrivent pas à lutter. À priori il n’y a pas de solution miracle parce qu’évidemment personne ne pourra arroser des forêts pour leur permettre de survivre.

Ces sécheresses sont-elles plus graves que celles qui ont déjà eu lieu dans le passé ?

Dans le passé, iI y a eu aussi des sécheresses et des déficits en pluie comme ça, récurrents, qui ont déjà affecté notre pays. Dans les années 1940 par exemple, post-guerre, on a eu des sécheresses très importantes. La particularité, c’est que maintenant ça se passe aussi avec des températures beaucoup plus chaudes, une atmosphère plus sèche et parfois plus de vent, et tout ça fait que l’efficacité des pluies pour ressourcer les sols, les nappes, les rivières est moindre et donc on a plus de pertes par évaporation et moins d’eau disponible. Avec le dérèglement climatique, il n’y a aucun doute malheureusement que c’est un risque qui va s’accentuer dans le futur. En tant que chercheurs on sait très bien qu’on n’en est qu’au début et que le ressenti va s’accentuer au fur et à mesure.

Quelles sont les solutions envisageables ?

Les solutions les plus pérennes seront des solutions assez profondes : améliorer la résistance des productions et puis très certainement améliorer la qualité des sols aussi. On sait que les sols ont été dégradés de plusieurs façons, on a perdu du carbone, de la matière organique, qui permettait aussi d’augmenter la réserve utile de ces sols. On a artificialisé les sols. On a aussi compacté ces sols, et ce n’est pas favorable. En plus, on a des productions agricoles qui aujourd’hui, par rapport aux années 1960, ont des rendements bien meilleurs donc ils consomment plus d’eau. On a aussi une société qui est quand même plus sensible au déficit en eau qu’avant, donc ce sont des contraintes et il faut sans doute travailler sur des méthodes de fond qui vont forcément prendre du temps.

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