La crise de l’eau au Liban : un vaste chantier devenu une priorité

Un mois après la double explosion du port de Beyrouth, le chantier reste colossal. Si la plupart des personnes affectées par le drame ont été relogées temporairement, les ressources en nourriture, et particulièrement en eau, constituent un défi quotidien.

Le gouvernement estime à 300 000 le nombre de personnes ayant perdues leur habitation lors du drame. Nombre d’entre elles font toujours face à un manque d’eau salubre et de services sanitaires. Une situation qui aggrave un peu plus encore la crise d’approvisionnement à laquelle le pays est déjà confronté.

Si le port, ainsi que plusieurs hôpitaux et silos à grain ont subi de vastes dégâts lors de la catastrophe du 4 août, les infrastructures hydrauliques ont été relativement épargnées par l’explosion. Pour autant, l’approvisionnement est devenu beaucoup plus compliqué dans la capitale, estime Nadim Farajalla, professeur d’hydrologie et de ressources hydriques à l’université américaine de Beyrouth.

« L’explosion a provoqué peu de dommages directs sur les infrastructures elles-mêmes, même si les vitres et les portes ont été soufflées par l’explosion. Par contre, elle a occasionné des coupures d’électricité, comme dans le quartier d’Achrafieh, à l’est de la capitale, occasionnant l’arrêt des pompes et donc de gros problèmes de ravitaillement ».

Autre problème, les dégâts occasionnés sur les installations des immeubles. « Le souffle de l’air a très sérieusement endommagé la plomberie des bâtiments ainsi que les réservoirs sur les toits des immeubles, qui apportent un complément d’eau essentiel aux foyers » explique Olivier Thonet, chef de la section Eau et Assainissement chez Unicef Liban. « Plus de 3 500 réservoirs ont ainsi été détruits, il faudra encore au moins trois semaines pour les remplacer tous ».

L’explosion a endommagé des milliers de logements créant un exode massif vers les quartiers plus éloignés du port. Pour Nadim Farajalla, ce déplacement de population représente un problème majeur pour l’approvisionnement en eau : « Des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans toit et donc dépendantes de leurs familles. Or les coupures d’eau sont fréquentes au Liban et l’eau potable représente un coût important car la plupart des gens la consomme en bouteille. Beaucoup de libanais se retrouvent aujourd’hui dans une situation de crise sanitaire accrue ».