Saint-Cyr réforme son enseignement

Être officier n’est pas qu’un métier, assure le général Patrick Collet qui commande les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC), creuset de toutes les générations d’officiers de l’armée de Terre depuis 1802.

C’est pourquoi, autant que ses compétences professionnelles, c’est le caractère du jeune officier de demain qui mérite aujourd’hui une attention accrue.

D’où le projet de refonte de l’enseignement que Florence Parly, la ministre des Armées, va révéler ce lundi, à Guer (Morbihan).

Refondre, ça ne veut pas dire que le modèle actuel est mauvais, précise le général Collet. On a les meilleurs officiers du monde en opération aujourd’hui. Mais il faut s’adapter à des environnements changeants et ne pas attendre que le modèle dégénère.

L’environnement guerrier a indiscutablement été profondément bouleversé en moins de 10 ans. Le récent Plan stratégique du chef d’état-major de l’armée de Terre a bien mis en avant le durcissement des conflits. Plus violents, les engagements militaires sont aussi plus nombreux, plus variés et plus techniques. C’est à nous de préparer des gamins pour en faire des hommes à 25 ans, prêts à prendre des décisions qui engagent des vies. Aptes à tous les engagements et à leur répétition. Ce sont des caractères hors du commun, prêts à faire face au pire, que nous devons former.

Autre évolution à intégrer dans le cursus des ESCC : le profil des élèves-officiers. Les formateurs de l’armée de Terre constatent un bond générationnel tous les 20 ans. Celui en cours pose trois défis. D’abord, nous constatons une montée de l’individualisme ; il y a toute une éducation à faire autour de la relation à la collectivité. Ensuite, le rapport à l’autorité et à la hiérarchie, vital dans les institutions militaires, doit être légitimé. Enfin,l’éducation reçue est peut-être moins solide qu’elle ne l’a été. Prenons la mixité ; le sujet d oit désormais être traité de façon positive et plus uniquement sous l’angle harcèlement-discrimination-violence.

Ajoutons un dernier défi : celui du savoir-vivre militaire. Et tordons le cou à un cliché : environ 18 % des élèves sont issus de famille de militaires. L’institution militaire qui fait de l’ouverture et de l’acculturation une priorité, recrute des élèves venant de milieux sociaux variés, en outre avec des formations très différentes : Nous accueillons d’anciens sous-officiers en formation pour deux ans à l’École militaire interarmes, des élèves des classes prépa qui suivent pendant trois ans l’enseignement à l’École spéciale militaire et des diplômés de l’Université qui intègrent le 4e Bataillon pour une seule année.

La refonte qui se met en place et qui sera finalisée pour la rentrée de 2021, passe par un décloisonnement entre ces trois structures. Tous les nouveaux arrivants de ce mois de septembre ont ainsi manœuvré ensemble, il y a quelques jours.