Une délégation de représentants d’Amnesty International a déposé mardi matin à l’ambassade des États-Unis à Bruxelles une pétition de quelque 25 000 signatures récoltées en Belgique pour l’abandon des charges pesant contre le fondateur de Wikileaks Julian Assange, en marge de la reprise de son procès à Londres pour juger de la demande d’extradition américaine.
« Forts de ces signatures, nous demandons aux autorités américaines d’abandonner toutes les accusations portées à l’encontre de Julian Assange en lien avec ses activités d’édition ; parallèlement, nous enjoignons les autorités britanniques à rejeter la demande d’extradition formulée par les États-Unis à cet égard », déclare Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
Julian Assange encourt aux États-Unis une peine maximale de 175 ans d’emprisonnement pour avoir publié des documents relatant de possibles crimes de guerre commis par l’armée américaine. Il pourrait être jugé pour 18 chefs d’inculpation, à savoir 17 au titre de la loi relative à l’espionnage et un chef d’inculpation au titre de la loi relative à la fraude et à la délinquance informatiques.
C’est le premier éditeur à être inculpé au titre de la loi relative à l’espionnage. Amnesty International estime que la publication de ce type de documents secrets dans le cadre de Wikileaks est la pierre angulaire de la liberté des médias et du droit de la population d’avoir accès à des informations d’intérêt public. Nils Muižnieks, directeur Europe à Amnesty International, voit dans cette tentative de criminalisation de ce droit une grave offensive contre la liberté d’expression :
« Si Julian Assange est poursuivi, cela pourrait avoir un effet dissuasif sur la liberté des médias, poussant des éditeurs et des journalistes à s’autocensurer par peur des représailles. (…) Si Julian Assange est extradé, cela aura de lourdes conséquences en termes de droits humains, établissant un dangereux précédent pour la protection des personnes qui publient des informations classées secrètes dans l’intérêt public ».
Amnesty International appréhende par ailleurs en cas d’extradition un risque de conditions de détention s’apparentant à de la torture et à d’autres mauvais traitements, comme le maintien prolongé à l’isolement.
« Le Royaume-Uni doit s’acquitter de ses obligations découlant du droit international relatif aux droits humains, qui interdisent de transférer une personne vers un pays où elle risque de subir de graves violations des droits humains », conclut Nils Muižnieks. (Belga)