« Pas mal mais doit poursuivre ses efforts. » C’est l’appréciation que le rapport de l’OCDE, « Regards sur l’éducation », pourrait apposer sur le bulletin scolaire annuel de la France.
Selon lui, la France a en effet fait preuve de « volontarisme » en rouvrant les écoles dès le mois de mai : à la fin du mois de juin 2020, le pays avait connu 13 semaines de fermeture effective d’écoles, contre 14 semaines en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. Mais cette volonté de bien faire doit se poursuivre, en augmentant notamment la part du numérique dans l’enseignement et en soutenant les élèves les plus en difficulté.
Les compétences des élèves et des enseignants en matière de TIC (Technologies de l’information et de la communication) se sont montrées indispensables pour assurer la continuité de l’enseignement pendant le confinement. Mais l’apprentissage en ligne n’a pas été une mince affaire : pour la France, cela s’est révélé être un handicap important, tant l’utilisation des outils numériques dans les apprentissages était loin d’être courante avant la crise sanitaire. Les enseignants ne suivent eux-mêmes pas beaucoup de cours à distance pour leur propre développement professionnel, et, en 2018, seuls 36 % des enseignants français déclaraient inviter leurs élèves à utiliser les TIC pour des projets ou des travaux en classe, contre 53 % pour la moyenne des pays de l’OCDE. « Malgré cela, on s’en est globalement bien sorti, il y a eu du volontarisme, de la résilience », a estimé auprès de l’AFP Éric Charbonnier, expert éducation de l’OCDE, pour qui la rentrée doit être l’occasion d’accroître le poids du numérique à l’école.
Mais selon le rapport, un effort sur le numérique ne sera pas suffisant : « La crise risque d’aggraver les inégalités déjà existantes et toucher de plein fouet les plus vulnérables, les jeunes et les moins qualifiés : en 2019, en France, un quart des jeunes sans qualification étaient au chômage, contre seulement 6 % des jeunes diplômés du supérieur ». L’effort doit être mis, selon l’institution, sur les dispositifs de soutien pour les élèves en difficulté, comme l’aide personnalisée.
Enfin, le rapport confirme que la progression salariale des enseignants français est lente, trop lente, de sorte que, en milieu de carrière, les professeurs se retrouvent fortement désavantagés par rapport aux autres pays de l’OCDE. Ainsi, selon les barèmes officiels à la rentrée 2018/2019, le salaire statutaire des enseignants du primaire (professeurs des écoles) et du secondaire (certifiés) après dix ou quinze ans d’ancienneté est au moins 18 % inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Mais l’organisation note aussi qu’en comparant les salaires réels des enseignants, c’est-à-dire en y incluant les paiements supplémentaires liés à leur travail, il n’y a qu’au primaire que les salaires effectifs des profs sont inférieurs à la moyenne de ceux de l’OCDE. Un point que ne manquera pas de souligner le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a promis de s’attaquer au chantier de la rémunération des enseignants cette année.