« Pour l’emploi et la dignité », plus de 10.000 personnes ont manifesté jeudi à Paris, Marseille, Bordeaux ou Toulouse pour protester contre les suppressions d’emplois et pour des hausses salariales, alors que se sont multipliés récemment restructurations et plans sociaux.
Il s’agissait de la toute première manifestation de la rentrée en France, organisée par les syndicats CGT, Solidaires, FSU, et des organisations de jeunesse. A Paris, au moins 10 000 protestataires ont défilé, masqués, entre les Places de la République et de la Nation, encadrés par un imposant contingent policier, selon les chiffres des organisateurs. En théorie, les rassemblements ne devaient pas dépasser la limite des 5.000 personnes pour éviter une propagation du coronavirus, mais les forces de l’ordre ont fermé les yeux sur les dépassements. Des jeunes et étudiants étaient présents en nombre dans le cortège parisien, à l’appel de divers syndicats étudiants. « Il y a beaucoup de colère et en même temps le climat est anxiogène » a expliqué le chef de la CGT, Philippe Martinez, portant un masque blanc siglé au nom de son syndicat. Ces dernières semaines, les annonces de plans sociaux ou de restructurations se sont multipliées dans le pays: de l’enseigne d’ameublement Alinéa en passant par le fabricant d’équipements de télécommunications Nokia, le groupe de grande distribution Auchan et dernier en date, le producteur japonais de pneus Bridgestone qui veut fermer son usine de Bethune (nord) et supprimer près de 900 emplois. « Vous avez vu le nombre de groupes qui annoncent des suppressions d’emploi ? La crise sanitaire, elle a bon dos. Auchan, ils n’ont pas arrêté de travailler pendant le confinement et là, ils virent 1 500 personnes », a lancé M. Martinez.
En mars et mi-septembre, 394 plans de restructurations ont été recensés (249 l’an passé), ce qui représente près de 57 000 emplois supprimés, trois fois plus que sur la même période l’an dernier. La CGT avait lancé son appel à mobilisation le 9 juillet, près de deux mois avant l’annonce d’un plan de relance de 100 milliards d’euros, qui a déçu les syndicats. Pour Eric Beynel de Solidaires, « le gouvernement continue de promouvoir la théorie du ruissellement en aidant les plus forts, les entreprises. On n’est pas dans le monde d’après. » Parmi les revendications: hausses de salaires, abandon « définitif » des réformes des retraites et de l’assurance chômage, réduction du temps de travail « sans perte de salaire », augmentation du salaire minimum… A Toulouse, dans le sud-ouest de la France, les manifestants étaient plus de 3.000, selon la CGT. A Marseille (sud-est), la manifestation a rassemblé un millier de personnes. « Je suis une personne à risque (de Covid, ndlr), mais pour moi c’était important de venir, de montrer que derrière des chiffres avancés par le gouvernement, il y a des personnes », a expliqué à l’AFP Hélène, qui travaille pour la Banque postale et « voit la misère sociale tous les jours ».