La ministre française des Armées Florence Parly et son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer mettaient en scène jeudi la coopération bilatérale en matière de défense au fil de deux déplacements, l’un consacré au futur escadron de transport aérien franco-allemand, l’autre chez Airbus.
Les deux ministres se sont rendues dans la matinée sur la base aérienne française d’Evreux (nord-ouest), pour la pose de la première pierre du bâtiment qui accueillera un escadron de transport tactique intégrant pilotes, mécaniciens et avions C130J français et allemands, rapporte Ouest-France.
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Un projet présenté par Paris comme une avancée concrète de l’Europe de la défense, un des chevaux de bataille du président Emmanuel Macron.
«Nous partageons la volonté et la détermination d’approfondir notre coopération de défense au profit d’une Europe plus forte et plus souveraine», a déclaré Mme Parly à Evreux, évoquant rien moins qu’une «révolution» dans la relation militaire bilatérale.
«Pour la première fois, des pilotes, des mécaniciens, des aviateurs français et allemands vont s’entraîner, opérer et accomplir des missions ensemble en partageant au quotidien la vie dans un même escadron», a-t-elle souligné.
La France a déjà reçu ses 4 C130J. L’Allemagne prendra livraison de 6 appareils entre 2021 et 2024. Une fois atteinte sa pleine capacité, en 2024, cette «première unité opérationnelle mixte franco-allemande» disposera de 10 appareils et 260 personnes, explique-t-on au ministère français des Armées, qui vante «un degré d’intégration inédit au niveau européen».
Le pilote pourra être français sur un avion allemand ou inversement. Le commandant de l’escadron sera français, secondé par un Allemand. L’unité pourra être appelée à participer à des opérations extérieures, avec des règles d’engagement différentes pour chaque pays.
«On peut imaginer que l’Allemagne autorise le déploiement de mécaniciens au Sahel mais qu’une intervention particulièrement dangereuse soit réalisée seulement par des pilotes français», explique une source française.
Florence Parly et Annegret Kramp-Karrenbauer devaient ensuite se rendre sur le site Airbus allemand de Manching, en Bavière (sud), afin d’assister à des présentations autour du futur système aérien de combat franco-allemand (SCAF) et du projet de drone européen Eurodrone.
Le SCAF doit remplacer d’ici une vingtaine d’années les avions de combat Rafale et Eurofighter. Après des mois de rivalités politico-industrielles franco-allemandes, les ministres de la Défense des deux pays ont signé en février un contrat de recherche et technologie de 150 millions d’euros, auquel s’est associée l’Espagne.
Prochaine étape: boucler un contrat entre les trois partenaires pour élaborer d’ici 2026 un démonstrateur en vol, sorte de pré-prototype destiné à valider la faisabilité d’un concept, pour un budget de 5 milliards d’euros.
Paris et Berlin espèrent ensuite obtenir le feu vert du parlement allemand au printemps 2021. «Tout l’enjeu est d’aller suffisamment vite pour lancer une grosse tranche du projet en 2021 afin de le rendre irréversible», commente-t-on au cabinet de Florence Parly.
Le projet de drone européen sera également évoqué lors de ce déplacement ministériel.
La France est confiante dans la conclusion «avant la fin de l’année» d’un accord sur le développement et la production du futur Eurodrone, au terme d’âpres négociations sur le coût du programme, a indiqué mercredi le ministère des Armées.
Lancé en 2015, ce projet de drone MALE (Medium altitude, long endurance), qui réunit la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, vise à s’affranchir de la dépendance vis-à-vis des drones Reaper américains. Mais les discussions achoppent depuis de nombreux mois.
Les Etats se sont fixé un objectif de budget de 7,1 milliards d’euros pour le développement et l’acquisition de 63 drones, soit 21 systèmes. Or «on est tout près» de cette cible budgétaire, confie-t-on au cabinet de la ministre.
«Cela n’a pas été des négociations faciles jusque-là», a d’ailleurs admis Mme Kramp-Karrenbauer.
«Nous pourrions décider maintenant d’accélérer le projet des Eurodrones, mais cela doit être fait seulement après avoir été discuté par tous les partenaires européens. J’espère vraiment que nous y arriverons dans les prochaines semaines».
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