Le président Donald Trump a annoncé lundi la distribution aux Etats-Unis de 150 millions de tests rapides pour détecter le coronavirus en 15 minutes, une méthode comparable aux tests de grossesse et bien plus rapide que les tests moléculaires utilisés depuis le début de la pandémie.
De nombreux experts de santé publique militent depuis des mois pour l’utilisation de ces tests dits antigéniques peu coûteux afin de permettre aux gens de se tester plusieurs fois par semaine au besoin, et d’avoir un résultat quasi-immédiatement, arguant qu’un test ultra-précis dont le résultat n’est connu que cinq ou sept jours plus tard est inutile, la période infectieuse étant alors généralement passée.
Les tests antigéniques sont généralement moins sensibles que les tests moléculaires traditionnels (PCR), c’est-à-dire qu’ils ne vont pas détecter un certain nombre de cas. Mais ces chercheurs expliquent qu’en termes de santé publique, ils seront plus utiles puisqu’avec l’augmentation des volumes de tests, un plus grand nombre de cas au total pourra être détecté. Sans compter que le test est généralement le meilleur au pic de contagiosité, au moment où il est crucial d’isoler les cas positifs.
« 50 millions de tests serviront à protéger les communautés les plus vulnérables », a annoncé Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche, en compagnie du patron du laboratoire ayant conçu le test, Abbott, et qui a reçu une autorisation de commercialisation en urgence fin août, le seul à présent dans le pays.
Les enseignants, les maisons de retraite et les universités historiquement noires ou amérindiennes seront prioritaires, a dit Donald Trump.
Plus tôt lundi, l’Organisation mondiale de la santé a annoncé un plan pour fournir 120 millions de tests rapides aux pays les plus démunis dans les six prochains mois.
Le test, appelé BinaxNOW, ne sera pas achetable en pharmacie aux Etats-Unis: il sera réalisé par des professionnels de santé ou des personnels formés, selon les priorités fixées par les gouverneurs des Etats.
Le test n’a besoin d’aucune machine pour fonctionner. Il a la taille et la forme d’une carte de crédit: il se compose d’un écouvillon (sorte de coton-tige) pour un prélèvement non profond dans le nez, et d’un liquide réactif qu’on verse dans une encoche de la carte, où le prélèvement est ensuite placé. Le résultat est transmis au patient par une application mobile.
Le coût du test, payé par le gouvernement américain, est de cinq dollars. L’administration fédérale a acheté les 150 premiers millions à Abbott, qui prévoit d’en distribuer 48 millions par mois initialement.
C’est « un bon début », s’est félicité sur Twitter Michael Mina, un épidémiologiste d’Harvard qui pousse le gouvernement à adopter ces tests depuis des mois, « mais ne soyez pas dupes: le nombre de tests distribués par la Maison Blanche est loin de suffire ».
Selon lui, les quantités nécessaires pour réellement prendre le contrôle de l’épidémie seront de dix à vingt fois celles annoncées.