Cinq militants jugés à Paris pour avoir voulu « récupérer » une œuvre africaine au Quai Branly

Cinq personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel pour avoir voulu « récupérer », en juin, une œuvre africaine au sein du Musée du quai Branly.

Musée du quai Branly. façade. Mur végétal réalisé par Patrick Blanc, Paris juillet 2014.

Ils entendent faire de leur comparution une tribune pour défendre la restitution des biens culturels.

Arrêtés le 12 juin au Musée du quai Branly, cinq prévenus sont jugés, mercredi 30 septembre, devant le tribunal correctionnel de Paris pour « tentative de vol en réunion d’un objet mobilier classé » et risquent jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.

Ces cinq militants, qui avaient tenté de s’emparer d’un poteau funéraire, ont par leur geste voulu dénoncer le « pillage de l’Afrique ». Ils comptent faire de leur procès une tribune pour défendre la restitution des œuvres prises pendant la colonisation. Leur meneur, l’activiste congolais Emery Mwazulu Diyabanza, a d’ailleurs continué ses coups d’éclat. Le 30 juillet, il était arrêté à Marseille après s’être emparé, seul, d’un objet en ivoire au Musée des arts africains, océaniens et amérindiens.

Le 10 septembre, avec trois acolytes, il a cette fois tenté d’emporter une sculpture du Congo à l’Afrika Museum de Berg en Dal, aux Pays-Bas, où il a été arrêté puis relâché après huit heures de garde à vue.

« Il fallait aborder le procès (à Paris) avec un esprit combatif, même si c’est risqué », explique Emery Mwazulu Diyabanza. « Nous n’avions aucune intention de voler cette œuvre, mais nous continuerons, tant que l’injustice du pillage de l’Afrique n’aura pas été réparée. »

À chaque fois, le militant panafricain de 41 ans filme puis publie en ligne la vidéo de ses actions. Une « diplomatie directe » dont l’objectif assumé est d’agiter au maximum les réseaux sociaux. Sur celle du Quai Branly, on le voit desceller un poteau funéraire Sara du XIXe siècle et l’emporter dans les couloirs. Il hurle alors : « On les ramène à la maison ».

Le militant Emery Mwazulu Diyabanza est né à Kinshasa, en République démocratique du Congo, et, de ses propres dires, vit de la vente d’objets électroniques en ligne. Il partage son temps entre Champigny-sur-Marne, en banlieue parisienne, et Lomé au Togo. Coiffé d’un béret noir en hommage aux activistes américains les Black panthers, la carte de l’Afrique en pendentif, le militant assure avoir été mis « au cachot » après la présidentielle de 2011 en RDC, où il aurait frôlé a mort.

Avec le mouvement Unité, dignité et courage (UDC) qu’il a fondé en 2014, il milite pour la restitution des œuvres, contre le franc CFA, ou encore les « biens mal acquis ». Il revendique « plus de 700 000 membres » éparpillés en Europe et en Afrique, mais son compte Facebook compte un peu moins de 30 000 abonnés.