Affichant sa confiance au lendemain d’un premier débat abrasif contre Donald Trump, le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a décrit mercredi le comportement de son rival républicain comme une « honte nationale ».
Comme pour tenter de définitivement tordre le cou à l’image de « Sleepy Joe » (« Joe l’endormi ») que veut lui coller le président américain, le septuagénaire est parti sillonner en train l’Ohio et la Pennsylvanie, terres industrielles où lui-même a ses racines.
Objectif: capitaliser sans attendre sur le débat, à moins de cinq semaines de l’élection présidentielle du 3 novembre.
Malgré les 90 minutes de désordre en direct devant des dizaines de millions d’Américains, le camp démocrate semble en effet rassuré par la prestation de son candidat de 77 ans qui, sans s’asseoir ni prendre de pause selon les règles de l’émission, a montré qu’il n’était pas le vieillard quasi-sénile si souvent raillé par Donald Trump, 74 ans.
Depuis Washington, où il est rentré dans la nuit, le président faisait un bilan rageur du débat sur Twitter avant un meeting le soir dans le Minnesota. Il a dépeint son adversaire comme une menace pour le secteur énergétique, l’emploi, le droit au port d’armes et la « loi et l’ordre ». « Il détruira notre pays ! Votez maintenant USA. »
« Peut-être que je ne devrais pas dire cela mais la façon dont le président des Etats-Unis s’est conduit, je trouve que c’est une honte nationale », a rétorque l’ancien vice-président de Barack Obama (2009 – 2017), lors d’une étape de campagne à Alliance, dans l’Ohio, avant de repartir pour la Pennsylvanie.
Le candidat et son épouse Jill Biden multiplient les arrêts mercredi dans ces deux Etats pivots que Donald Trump avait remportés en 2016.
Mais le milliardaire n’avait arraché la victoire que d’un cheveu en Pennsylvanie après des années de vote démocrate. Un retournement pourrait largement ouvrir la voie de la Maison Blanche à Joe Biden, qui mène dans les sondages nationaux et dans les Etats-clés.
Sur ces terres ouvrières que le milliardaire avait su séduire, le démocrate, natif de Pennsylvanie, martèle que le milliardaire « n’a pas tenu sa promesse ».
« Il a oublié les +Américains oubliés+ qu’il avait promis de défendre », a-t-il lancé à Cleveland (Ohio).
« Film d’horreur », « pire débat de l’histoire », « fiasco », « shitshow » (bordel): les commentateurs n’avaient pas de mots assez durs pour décrire l’émission, sans vrai débat d’idées.
Au point que certains ont appelé à l’annulation des prochains débats. Et que les organisateurs ont rapidement annoncé de nouvelles mesures pour « maintenir l’ordre » lors des deux prochains duels télévisés des 15 et 22 octobre.
A chaque débat, des sondages express sont réalisés par des médias pour savoir qui a « gagné ».
Selon une telle enquête de CBS, Joe Biden l’aurait légèrement emporté mais 69 % des spectateurs se sont surtout dits « agacés ».
Il faut aussi rappeler qu’en 2016, Hillary Clinton avait été déclarée largement gagnante de ses trois débats contre Donald Trump.
La différence avec 2016 est que le candidat démocrate a pu s’appuyer sur les quatre ans du bilan du président sortant. Et Joe Biden n’a pas manqué de rappeler les 200.000 morts de la pandémie de Covid-19: « Nous avons 4 % de la population mondiale et 20 % des morts ».
L’ancien vice-président l’a qualifié de « pire président que l’Amérique ait jamais eu », de « clown » et de « caniche de Poutine ». « Tout le monde sait que c’est un menteur », a-t-il asséné.
« Il n’y a rien d’intelligent en vous », a de son côté martelé Donald Trump qui espérait un faux pas de son rival qui n’a pas eu lieu, bien que Joe Biden ait bredouillé à plusieurs reprises.
Mâchoire serrée, le dirigeant, qui brigue le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s’est efforcé de dépeindre le démocrate comme une marionnette de la « gauche radicale », que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat.
Le républicain s’est attiré de vives critiques pour sa réponse trouble lorsque le modérateur du débat lui a demandé s’il était prêt à condamner les suprémacistes blancs.
« OK Proud Boys, reculez et tenez-vous prêts », a répondu Donald Trump.
Le groupe d’extrême-droite Proud Boys, fondé en 2016, est lié à plusieurs épisodes de violences contre des manifestants antiracistes.
Interrogé à ce sujet, Joe Biden a déclaré que son message aux « Proud Boys et à tout autre groupe de suprémacistes blancs est +arrêtez tout+. »
Mercredi prochain, leurs colistiers, le vice-président Mike Pence et la sénatrice démocrate Kamala Harris, débattront ensemble.