Le président Emmanuel Macron présente vendredi un plan d’action contre les «séparatismes», principalement celui de l’islamisme radical, un dossier explosif en France, lancé dès février mais interrompu par la crise sanitaire.
Le chef de l’État s’expose ainsi aux feux croisés de la droite et de l’extrême droite qui l’accusent de laxisme, et de la gauche qui dénonce une stigmatisation des musulmans pour des raisons électoralistes.
D’autant qu’il s’exprimera dans un contexte pesant après l’attentat au hachoir mené une semaine plus tôt à Paris par un jeune pakistanais et le procès de l’attaque du magazine satirique Charlie Hebdo, dont la rédaction a été décimée en 2015 par un attentat jihadiste.
L’objectif du futur projet de loi, qui devrait être finalisé d’ici à la mi-octobre, sera de «lutter contre ceux qui dévoient la religion pour mettre en cause les valeurs de la République», résume-t-on au palais présidentiel de l’Élysée.
«Cette menace nécessite une double réponse: défensive, avec le projet de loi, mais aussi positive car il s’agit de ramener la République, ses valeurs d’émancipation et d’égalité, dans les territoires», ajoute la présidence. Le chef de l’État a ainsi promis d’aller «plus loin, plus fort» pour promouvoir «l’égalité des chances» dans les prochains mois.
Il devrait notamment annoncer un renforcement et une modification de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, fondement de la laïcité à la française, ainsi qu’un contrôle plus strict des associations musulmanes, notamment celles qui accueillent des enfants et créent des «écoles» sous influence intégriste, ciblant quelques dizaines de milliers d’enfants scolarisés à domicile.
Il pourrait également détailler des mesures plus controversées contre les certificats de virginité délivrés par certains médecins avant un mariage religieux, la polygamie ou la privation d’héritage pour les filles.
Le président français devrait également développer les premières annonces qu’il avait faites en février sur la fin des imams étrangers détachés et un contrôle plus strict du financement des mosquées sous «ingérence étrangère».
«Cette loi vise à protéger les musulmans, qui sont les principales victimes de l’islamisme», insiste l’Elysée.
Reçu mercredi à l’Élysée avec les autres représentants des cultes, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui, affirme «partager totalement les objectifs» du texte, à savoir lutter «contre ceux qui instrumentalisent la religion musulmane à des fins politiques», mais dit aussi se méfier d’éventuels «dégâts collatéraux».
«Il faut être très vigilant sur les tentatives de stigmatisation de la communauté musulmane», souligne également Chems-eddine Hafiz, le recteur de la Mosquée de Paris.
Le projet de loi devrait être présenté en conseil des ministres début décembre puis discuté au Parlement au premier semestre 2021, soit un an avant l’élection présidentielle de 2022.