Londres et Bruxelles veulent accélérer les négociations post-Brexit

Les dirigeants britanniques et européens se sont mis d’accord samedi pour intensifier leurs négociations commerciales post-Brexit et chercher à éviter le «no deal» potentiellement dévastateur qui menace le 1er janvier.

Londres et Bruxelles se sont fixés comme objectif d’arriver à un compromis dès ce mois-ci pour pouvoir le mettre en œuvre à temps pour la date fatidique, qui marque la fin de la période de transition amortissant les effets de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, effective depuis le 31 janvier dernier.

Mais une neuvième session de négociations cette semaine à Bruxelles s’est soldée vendredi par un nouveau constat de divergences. Le Premier ministre Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont donc décidé de se parler directement, pour la première fois en plus de trois mois, par visioconférence pour décider de la manière d’avancer.

«Des divergences significatives persistent»

«Des progrès ont été réalisés ces dernières semaines, mais des divergences significatives persistent, non seulement dans le domaine de la pêche, mais aussi en termes de règlementation ou de gouvernance», ont reconnu les deux dirigeants dans un communiqué commun de leurs services respectifs.

«Ils ont donné pour instructions à leurs chefs négociateurs de travailler intensément de manière à essayer de combler les divergences», ont-ils ajouté.

Cet échange est intervenu au lendemain de la neuvième session de discussions menée par le négociateur européen Michel Barnier et son homologue britannique David Frost, la dernière prévue en l’état.

Les deux parties en sont sorties inquiètes du peu de temps restant pour trouver un compromis avant le 15 octobre ou la fin du mois, les dates butoirs fixées respectivement par Boris Johnson et l’UE.

Interrogé sur les progrès à attendre à la suite de l’appel de samedi, une source européenne s’est montrée prudente: «Cela reste à voir. On attend que les Britanniques commencent réellement à négocier sur les gros sujets».

Sous couvert d’anonymat, un responsable européen avait dit vendredi soir ne pas avoir l’impression que Londres «mette sur la table une réelle marge de manœuvre», ajoutant voir pointer au sein des 17 «l’impression que peut-être pas d’accord est mieux qu’un mauvais accord»

Johnson appelle au «bon sens»

«J’espère que nous arriverons à un accord, cela dépend de nos amis», a plaidé de son côté Boris Johnson vendredi sur la BBC.

«Ils ont conclu avec le Canada un accord du genre que nous souhaitons, pourquoi ne le feraient-ils pas avec nous? Nous sommes si proches, nous avons été membres (de l’UE) pendant 45 ans. C’est à notre portée, cela dépend d’eux», a-t-il ajouté, appelant les Européens à «faire preuve de bon sens».

Le Royaume-Uni a quitté l’UE le 31 janvier, mais il continue d’appliquer les règles européennes jusqu’au 31 décembre. Faute d’accord commercial à cette date, un retour aux règles de l’Organisation mondiale du Commerce, avec droits de douane à la clé, constituerait une rupture susceptible d’ébranler un peu plus des économies déjà fragilisées par la pandémie que provoque le nouveau coronavirus.

Procédure d’infraction en cours

«Les prochains jours» seront décisifs, avait affirmé la chancelière allemande Angela Merkel, qui rencontrera Michel Barnier lundi à Berlin. «Tant que les négociations se poursuivent, je suis optimiste».

Tandis que les pourparlers sont à la peine, Bruxelles a entamé jeudi une procédure d’infraction contre le Royaume-Uni, en raison de son projet de loi qui remet en question certains des engagements pris dans le traité encadrant son départ.

Le texte, entériné par les députés britanniques et qui doit être examiné par les Lords, revient sur des dispositions pour la province britannique d’Irlande du Nord, prévues afin d’éviter le rétablissement d’une frontière avec la République d’Irlande, un garde-fou jugé essentiel au maintien de la paix sur l’île.

La procédure de l’UE peut finir devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), susceptible d’infliger amendes et astreintes.

Downing Street et la Commission n’ont pas évoqué ce sujet dans leur compte rendu de l’entretien de samedi.

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