A 18 000 km de Paris et avec d’importantes réserves de nickel, la Nouvelle-Calédonie décide de son destin.
Pour la deuxième fois en deux ans, cet archipel stratégique du Pacifique-Sud, français depuis 1853, vote dimanche pour choisir s’il reste dans la République ou devient indépendant.
Ce territoire représente l’un des derniers bastions de souveraineté européenne dans la zone après le Brexit, un premier scrutin avait vu le 4 novembre 2018 les pro-français l’emporter par 56,7 % des voix.
Elle regrette pourtant de ne pas faire partie des 180 598 électeurs qui pourront dire dimanche s’ils veulent « que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ».
Calédonien depuis « plusieurs dizaines d’années », Carl Leclerc a lui fait son choix depuis longtemps: « Ce choix c’est non, c’est de rester dans la France », assure ce gérant de société de 50 ans, car « il n’y a aucune réponse au niveau des indépendantistes sur notre devenir, c’est +on verra on verra+ ».
« On peut gérer notre pays sans problème », répond Willi Cejo, maraîcher kanak de 23 ans. Mais si le +non+ gagne à nouveau, « on luttera pacifiquement jusqu’au bout ». « Lors du premier référendum, on était quand même joyeux, parce qu’on a été à ‘ça’ de l’emporter ».
La consultation, dont le résultat sera connu dimanche soir (dimanche matin en métropole), se déroulera sans mesure barrière ni masque, puisque l’archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant.
Ce référendum, comme le premier, s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon, signés par l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, après plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d’origine européenne.
Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts).