Le président américain Donald Trump, malade du Covid-19, est sorti de l’hôpital et a défendu une nouvelle fois sa gestion critiquée de la pandémie, dont l’intensification en Europe conduit Paris à fermer tous ses bars à partir de mardi.
Le président américain, qui était hospitalisé depuis vendredi, est rentré à la Maison Blanche en hélicoptère lundi soir depuis l’hôpital militaire de Walter Reed, dans la banlieue de Washington. Il a gagné le balcon de la résidence présidentielle, a salué les journalistes en contrebas et a ostensiblement ôté son masque, au mépris des règles édictées par les autorités sanitaires américaines.
Le milliardaire républicain, qui avait annoncé plus tôt dans la soirée qu’il reprendrait « bientôt » la campagne présidentielle, a aussi publié un message vidéo sur Twitter. « N’en ayez pas peur, vous allez le battre », y a-t-il déclaré à propos du Covid-19, avant d’ajouter « sortez, soyez prudents ». « Ne le laissez pas contrôler vos vies », a-t-il également demandé aux Américains.
Son rival à la présidentielle Joe Biden a réagi en opposant le très lourd bilan de la pandémie qui, selon l’Université Johns Hopkins, a fait 210.117 morts aux Etats-Unis, de loin le pays du monde le plus endeuillé par le coronavirus.
« J’ai vu un tweet qu’il a fait, ils me l’ont montré, il a dit +Ne laissez pas le Covid contrôler vos vies+. Allez dire cela aux 205.000 familles qui ont perdu quelqu’un », a déclaré l’ancien vice-président américain, visiblement en colère, depuis la Floride.
Le médecin de la Maison Blanche, Sean Conley, a prévenu que le président américain, qui aura été hospitalisé pendant trois jours depuis son admission vendredi soir, n’est « peut-être pas encore complètement tiré d’affaire ». Il a précisé que l’équipe médicale, « prudemment optimiste », ne serait pas totalement soulagée avant une semaine.
La porte-parole de la Maison Blanche Kayleigh McEnany a indiqué lundi à son tour avoir été testée positive au Covid-19, renforçant encore un peu plus l’image d’une Maison Blanche n’ayant pas pris la pleine mesure de l’épidémie.
A New York, Le gouverneur Andrew Cuomo a annoncé lundi que les écoles de neuf quartiers de la première métropole américaine allaient fermer à partir de mardi pour tenter d’empêcher que la ville ne soit frappée par une seconde vague, en attendant une décision sur les commerces non essentiels.
La pandémie a fait au moins 1 037 971 morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi lundi par l’AFP. Plus de 35 243 990 cas ont été officiellement diagnostiqués et au moins 24 354 200 personnes sont considérées comme guéries.
Le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé lundi que le coronavirus était un « signal d’alarme » pour la communauté internationale, réclamant une accélération de la réforme de l’organisation face aux urgences sanitaires.
A ses côtés, le directeur des urgences sanitaires de l’OMS, Michael Ryan, a expliqué qu’environ 10 % de la population mondiale pourrait avoir été infectée, soit environ 780 millions de personnes, bien au-delà des chiffres officiels, qui s’élèvent à plus de 35 millions de cas.
Alors que plusieurs pays européens ont pris des mesures face à l’augmentation du nombre des malades, de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur mardi pour au moins 15 jours à Paris, placée en zone d’alerte sanitaire maximale.
Dans la capitale française, les bars devront rester fermés, tandis que les restaurants pourront continuer à accueillir des clients à condition de respecter un strict protocole sanitaire. Une « jauge » sera mise en place dans les centres commerciaux et grands magasins pour encadrer le nombre de personnes pouvant se croiser, et foires et congrès sont interdits.
« Ce sont des mesures de freinage car l’épidémie va trop vite. Il faut la freiner avant que le système de soins ne soit débordé », a justifié le préfet de police de la capitale, Didier Lallement.
La maire de Paris Anne Hidalgo a jugé la situation sanitaire « très grave ».
Après la parenthèse de l’été, les bars de la capitale ont donc dû tirer le rideau lundi soir, résignés mais amers de ce nouveau tour de vis sanitaire.
« C’est décourageant et on sait pas combien de temps ça va durer. Pas de salaire, 15.000 euros de loyer et de charges et rien qui va rentrer, les petites affaires comme les miennes n’ont pas accès au fond d’indemnisation », explique Omar Allik, 41 ans gérant du Touller, dans le XIe arrondissement de Paris.
« C’est triste, on est un peu mélancolique, c’est fini les pots après le boulot, maintenant, c’est métro, boulot, dodo », commente au bar, bière à la main, l’un des habitués des lieux, Romain Carillon, 34 ans, architecte.
En Espagne, après Madrid vendredi, trois autres villes, Leon, Palencia et San Andrés del Rabanedo vont être soumises à partir de mardi à un bouclage partiel afin de ralentir la progression de l’épidémie de Covid-19.
Le gouvernement irlandais a annoncé de son côté lundi soir un durcissement des mesures de prévention pour tenter de contrer une deuxième vague de la pandémie de Covid-19, mais sans aller jusqu’au reconfinement recommandé la veille par ses conseillers médicaux.