Le Prix de Nobel de chimie 2020 a été attribué à la Française Emmanuelle Charpentier et à l’Américaine Jennifer Doudna, deux généticiennes qui ont mis au point des « ciseaux moléculaires » capables de modifier les gènes humains.
« C’est un outil extraordinaire », confirme sur franceinfo Pascale Cossart, professeure à l’Institut Pasteur et secrétaire perpétuelle de l’Académie des Sciences.
« C’est une méthode qui est révolutionnaire et qui a dérivé de découvertes faites par Emmanuelle Charpentier dans une bactérie. Ce qu’elle avait découvert, c’est qu’il y avait un moyen de guider une enzyme à un site très spécifique. Cette enzyme avait des propriétés que l’on n’attendait pas et Emmanuelle Charpentier s’est associée avec Jennifer Doudna pour faire cet outil, détaille Pascale Cossart. On est maintenant capable de modifier certains endroits du génome en utilisant en fait une enzyme qui vient d’une bactérie ».
« Je suis d’autant plus contente que ce prix Nobel ait été attribué à ces deux femmes parce que c’est vraiment l’association entre une microbiologiste et une biochimiste spécialiste de l’ARN [acide ribonucléique – réd.]. Vraiment, c’est la collaboration qui a mené à cet outil vraiment révolutionnaire », se réjouit Pascale Cossart.
Cet outil est « extraordinaire », pour plusieurs raisons, développe Pascale Cossart. « Il est facile à utiliser. La méthode est rapide, il est extrêmement précis. Au début, on pensait qu’on aurait peut-être quand on fait le projet d’une modification, des effets ailleurs qu’à l’endroit que l’on voulait modifier. Et plus ça va, plus on s’aperçoit que cet outil est extrêmement fiable et comme cela a été dit, il peut être utilisé chez des animaux, chez des plantes, chez l’Homme », explique la professeure à l’Institut Pasteur, qui rappelle que les modifications sur les cellules germinales [susceptibles de former les gamettes – réd.] sont interdites.