Tôt le matin du 7 octobre, les effectifs de la police antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire ont interpellé 12 personnes issues de la mouvance nationaliste.
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) avait ouvert une enquête au mois de juillet après un rassemblement nationaliste au couvent Saint-Antoine de Casabianca, à 50 kilomètres au sud de Bastia, un lieu symbolique du séparatisme corse où Pasquale Paoli, « père de la nation corse », avait été élu général en chef le 14 juillet 1755.
Lors de cette réunion, le 14 juillet, quatre militants cagoulés et armés étaient apparus à la tribune, tirant en l’air. Ils avaient revendiqué des coups de feu tirés la veille contre une caserne de gendarmerie bastiaise. C’est à partir de cette revendication que le PNAT s’est saisi de l’enquête.
Après avoir assumé publiquement l’usage de la violence, ces militants cagoulés ont annoncé reconstituer le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) sur la base de son texte fondateur du 5 mai 1976 en faveur de l’indépendance de l’île. Ils ont demandé au gouvernement de mettre en œuvre un vrai « processus de décolonisation ». Dans le tract laissé à l’assistance, ils revendiquent également l’enseignement obligatoire de la langue corse de la maternelle à l’école primaire.
Selon nos informations, l’enquête de la sous-direction antiterroriste s’est portée sur les vieux militants nationalistes. Parmi les hommes gardés à vue figure l’un des fondateurs du FLNC de 1976. Selon les services de renseignements, les militants apparus cagoulés en juillet dernier sont « des vieux chevaux sur le retour » dont le plus âgé a 76 ans. Ils ont rapidement été identifiés et seraient au nombre des militants interpellés ce matin. Selon une terminologie continentale, c’est l’extrême gauche du mouvement nationaliste qui serait impactée par ces gardes à vue.
Le mouvement séparatiste armé s’est scindé en plusieurs chapelles après 1990 avec la création du FLNC-canal historique, bras armé de la Cuncolta de Charles Pieri et le FLNC-canal habituel, le mouvement armé du Mouvement pour l’autonomie d’Alain Orsoni, aujourd’hui exilé en Amérique du Sud après plusieurs tentatives d’assassinat. Plus que jamais, les partisans de la violence armée en Corse peinent à recruter parmi les jeunes. Le FLNC a officiellement déposé les armes en 2014.