Le lot 108 du cimetière Flaminio à Rome est constellé de petites croix en bois et en métal, certaines peintes en blanc, d’autres tombées au sol, mais qui portent toutes des noms de femmes.
Il ne s’agit pas des noms des personnes enterrées dans ces tombes, mais de ceux de femmes ayant choisi d’avorter légalement.
Fin septembre, la découverte de ces sépultures de foetus avortés enterrés à l’insu de leurs génitrices, dont les noms figurent sur les tombes, a provoqué l’indignation d’associations de défense des droits des femmes et des femmes impliquées, qui ont dénoncé une violation de leur vie privée.
« Penser que quelqu’un s’est approprié son corps, qu’un rite a été célébré, qu’elle a été enterrée avec une croix et mon nom au-dessus, c’était comme rouvrir une blessure », témoigne Francesca, une des mères concernées, auprès de l’AFP. « Je me sens trahie par les institutions ».
En septembre 2019, cette femme de 36 ans qui vit à Rome a été contrainte d’avorter car son foetus présentait une grave malformation cardiaque. Un an plus tard, elle découvre que le foetus a été enterré à son insu et en son nom, avec un symbole religieux qui ne correspond pas à ses croyances.
Le scandale a éclaté fin septembre après qu’une femme ayant avorté a découvert son nom sur une croix du cimetière Flaminio, dont elle a posté une photo sur Facebook qui est devenue virale.
Elisa Ercoli, présidente de l’association de défense des droits des femmes « Differenza Donna », voit dans cette situation « un acte horrible et autoritaire ».
En Italie, la loi de 1978 légalisant l’avortement permet d’interrompre la grossesse dans les trois mois suivant la conception, mais elle autorise aussi les médecins à invoquer l’objection de conscience.
Dans ce pays à majorité catholique, sept gynécologues sur dix refusent de pratiquer des IVG, ce qui les rend très difficiles dans certaines régions.