Sur le fond du conflit du Karabakh, les Arméniens français ont exigé la démission d’un ministre

Près de 20 000 participants ont défilé dimanche 18 octobre à l’appel du CCAF depuis les Invalides jusqu’à l’ambassade d’Azerbaïdjan en passant place du Canada, où est érigée la statue du Révérend Père Komitas.

Une foule immense qui a porté haut les drapeaux arménien, artsakhiote et français, et brandi de nombreuses pancartes ou banderoles demandant la reconnaissance de l’Artsakh tout en dénonçant l’inaction de la communauté internationale.

Après avoir chanté les hymnes français et arménien, des applaudissements nourris ont salué l’héroïsme des soldats qui défendent les Artsakh. Une minute de silence a été observée en hommage à Samuel Paty, le professeur assassiné vendredi soir en région parisienne, lui aussi victime du terrorisme.

Les coprésidents du CCAF – en contact quotidien avec l’Elysée – ont successivement pris la parole pour exposer la situation :

Mourad Papazian a rappelé que personne ne bouge pour stopper l’offensive alors même que l’Azerbaïdjan n’a respecté aucun des cessez-le feu laborieusement conclus. Il a demandé le départ de Jean-Yves le Drian, ministre des Affaires Etrangères, devenu indigne de représenter la France en mettant en avant son souci de neutralité. Il a aussi renouvelé au président Macron sa demande d’intervention pour défendre l’Arménie et l’Artsakh

Ara Toranian a souligné que l’existence même du peuple arménien se joue en ce moment. Défendre l’Arménie, c’est défendre la civilisation, contre les jihadistes tchetchènes, afghans, pakistanais venus en nombre combattre contre l’Artsakh. Il a également rappelé que le but ultime de la Turquie est de fédérer les peuples turcs en une alliance allant des rivages de la Méditerranée à la muraille de Chine. La reconnaissance de l’Artsakh est indispensable, et pour cela le soutien de la France est primordial, y compris pour expliquer à ses alliés qu’il faut cesser de soutenir ces deux dictatures.

Durant tout le cortège, de nombreuses prises de paroles d’élus et de personnalités ont alterné avec des slogans, insistant sur l’urgence de la reconnaissance de l’Artsakh et d’une intervention pour stopper les combats, afin d’éviter un nouveau génocide.

L’avocat Arno Klarsfekd a rappelé son engagement et celui de sa famille auprès des Arméniens. Il s’est notamment impliqué pour le reconnaissance du génocide et l’extension de la loi Gayssot. On ne peut pas être neutre quand il s’agit de lutter contre les jihadistes.

Patrick Karam, vice-président du Conseil Régional d’Ile de France a rappelé la barbarie des Azéris et des jihadistes. Il a fait un parallèle avec Alep ou les Chrétiens ont été massacrés avec le soutien de la Turquie. La neutralité revient à être complice du génocide qui se déroule sous les yeux du monde entier.

Berivan Firat, porte parole du Conseil Démocratique Kurde a assuré de sa pleine solidarité dans une allocation très applaudie : les Arméniens respectent la laïcité, défendent les droits de l’homme et les droits des femmes ce qui n’est pas le cas des jihadistes contre lesquels luttent également les Kurdes. S’ils ne se sont pas montré capables de défendre les Arméniens en 1915, ils sont maintenant alliés et partagent les mêmes combats.

Pascal Torre, membre de la commission internationale du PCF (qui a reconnu l’Artsakh en 2019) a exprimé sa pensée pour les populations bombardées. Il demande d’arrêter de parler de séparatisme : l’Artsakh est arménien et les combattants se battent pour la démocratie alors qu’Erdogan ne fait que semer la guerre.

Le champion du monde de boxe Arsen Goulamirian, fils d’un héros de la guerre d’Indépendance, a apporté une note d’espoir : la victoire est au bout du combat, car les Arméniens se battent avec le cœur.

Evagoras Mavrommatis, président de la communauté chypriote a exprimé son indignation fasse aux exactions de la Turquie, qui a récemment ocuppé Famagouste dans l’indifférence générale. Erdogan doit reconnaître le génocide et libérer Chypre. Il a évoqué une belle phrase de Patrick Devedjian : « la cause chypriote c’est aussi la notre » et a plaidé pour des actions communes, notamment pour faire bouger le conseil de l’Europe.

Une prière commune a été conduite par un prêtre en mémoire de ceux qui sont tombés.

Plusieurs élus se sont à nouveau succédé pour réaffirmer leur soutien :
Denis Larghero, qui a insisté sur l’engagement des Hauts de Seine
Jean Didier Berger, maire de Clamart a annoncé que le drapeau de l’Artsakh flotte sur sa commune.