La justice bélarusse a ordonné mardi le placement sur la liste de ressources « extrémistes » la chaîne Telegram NEXTA Live, qui coordonne en partie la protestation contre le président Alexandre Loukachenko et compte environ deux millions d’abonnés.
Dans un jugement publié mardi, la Cour suprême bélarusse estime que NEXTA Live a diffusé « du contenu extrémiste » comprenant « l’organisation et des appels publics à la mise en oeuvre de troubles massifs ».
« Le ministère de l’Information doit inclure cette chaîne et son logo dans la liste de ressources extrémistes et prendre des mesures pour limiter l’accès aux ressources d’information de nom similaire et leur diffusion », précise la Cour suprême, ajoutant que la décision est « exécutoire immédiatement ». Le ministère biélorusse de l’Intérieur a ensuite précisé ce qu’impliquait cette décision.
« La publication ou l’affichage, y compris le partage, d’informations contenant le logo NEXTA ou NEXTA Live » est passible de poursuites pour extrémisme, a-t-il expliqué. Le porte-parole de l’Association bélarusse des journalistes, Boris Goretski, a indiqué à l’AFP que les peines encourues équivalent à la somme de 400 euros pour une personne physique et 4.000 euros pour une entité morale. Nexta (« Quelqu’un » en bélarusse, NDLR) a été créé en 2015 par un blogueur bélarusse, Stepan Svetlov, qui vit aujourd’hui en exil en Pologne. Sa chaîne, suivie par deux millions d’abonnés, contribue à mobiliser les protestataires, donnant les mots d’ordre des manifestations ou leur parcours et permettant de partager les photos et vidéos des rassemblements et des violences. Il est toutefois improbable que les autorités bélarusses réussissent à empêcher la diffusion de sa chaîne Telegram, ce réseau social étant connu pour rarement se soumettre aux décisions des autorités nationales et avoir réussi à contourner son blocage ordonné par la justice russe. Le Bélarus est secoué depuis plus de deux mois par un mouvement de protestation demandant la démission d’Alexandre Loukachenko, officiellement réélu président avec 80% des voix en dépit d’accusations de fraudes massives. Disponible sur le site du ministère bélarusse de l’Information, la liste des ressources extrémistes interdites comprend majoritairement des livres, chansons, vidéos ou comptes de réseaux sociaux néo-nazis ou faisant l’apologie du racisme. Des ressources anarchistes, djihadistes ou des pages Facebook de groupes hooligans y sont inclus, ainsi que des ressources plus surprenantes comme la première biographie d’Adolf Hitler, « Hitler: étude d’une tyrannie » de l’historien britannique respecté Alan Bullock.