Le premier ministre arménien Nikol Pashinyan s’est montré sceptique, dans son dernier entretien accordé à la presse, en affirmant qu’il ne « voit pas de solution diplomatique du conflit du Karabagh », dans l’état actuel des choses.
Cependant à l’égard de l’intrasigeance du président azéri Ilham Aliev qui reste hostile à tout compromis, il reste néanmoins attaché à toute proposition qui serait susceptible de faire cesser les hostilités.
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Interrogé par l’agence de presse Interfax, il a ainsi déclaré jeudi 22 octobre, alors que les combats se poursuivaient, certes avec une intensité moindre, dans et autour du Haut-Karabagh, que la partie arménienne étaut favorable à l’idée d’un déploiement de forces de paix entre les belligérants, en précisant que les forces de paix russes seraient les bienvenues.
La Russie, qui copréside le Groupe de Minsk de l’OSCE et est à l’initiative d’un premier accord de trêve humanitaire, conclu à Moscou entre les ministres des affaires étrangères d’Arménie et d’Azerbaïdjan et jamais appliqué sur le terrain, pas plus d’ailleurs que celui arraché le 17 octobre par la France, elle aussi coprésident du Groupe de Minsk, a déjà formulé cette proposition. Celle-ci n’a pas été retenue à ce jour par l’Azerbaïdjan, qui cherche encore à gagner du terrain sur les forces arméniennes, qui ont fait barrage à ses tentatives en ce sens, malgré les forces et matériel militaire engagés par Bakou, avec l’appui de la Turquie et de mercenaires, depuis le 27 septembre.
Tracée depuis le cessez-le-feu de mai 1994, la « ligne de contact » séparant les forces arméniennes du Karabagh et l’Azerbaïdjan n’a pas vraiment bougé depuis le début des opérations militaires lancées par Bakou, qui ne serait donc pas disposé à voir une force de paix internationale déployée le long de cette « ligne de contact » réactivée en ligne de front, geler un même statu quo qu’il prétendait dénoncer par les armes. M. Pashinyan a indiqué que c’était un compromis que l’Azerbaïdjan pourrait accepter, eu égard aux bonnes d’ailleurs qu’il entretient aussi avec la Russie. Mais Bakou ne semble pas avoir la même approche concernant la composition même de ces forces de paix, et souhaiterait voir des soldats turcs en faire partie. Une option inenvisageable pour l’Arménie, qui estime que la Turquie s’est discréditée comme puissance médiatrice en intervenant militairement aux côtés de l’Azerbaïdjan, et qui le montrait encore jeudi, en se disant prête à envoyer son armée épauler celle de l’Azerbaïdjan si ce dernier le lui demandait.
Nikol Pashinyan a aussi expliqué que la Russie, qui entretient des relations amicales tant avec l’Arménie qu’avec l’Azerbaïdjan, serait la plus habilitée à constituer un corps de soldats chargés de veiller sur le cessez-le-feu, mais aussi à faire office de médiateur en vue de compromis mutuels entre belligérants, compromis auxquels Erevan est pour sa part prêt. Il a aussi souligné qu’il fallait prendre en compte, dans ce processus, des positions des pays voisins et autres puissances, qui seraient elles aussi plus favorables à une force d’interposition russe. Une allusion à peine voilée à l’Iran, qui avait déjà dénoncé l’ingérence de puissances tiers, autrement dit la Turquie, et s’opposerait à un déploiement de soldats turcs.