Peter Cherif, présenté tour à tour comme un mentor des frères Kouachi, l’instigateur de l’attentat contre Charlie Hebdo, un cadre d’Al-Qaïda ou un vétéran du jihad, doit être entendu vendredi au procès des attentats de janvier 2015.
Une incertitude pèse toutefois sur la tenue de l’audition de ce témoin-clé, initialement prévue le 24 septembre et qui avait été reportée à la suite du malaise de l’un des accusés.
Actuellement incarcéré en région parisienne, après avoir été mis en examen dans un volet disjoint de l’enquête sur les attentats de janvier 2015, Peter Cherif a fait savoir à l’administration pénitentiaire qu’il refusait de se rendre à la visioconférence vendredi matin.
La cour d’assises spéciale de Paris a envisagé un premier temps de « passer outre » cette audition.
« Est-ce que c’est utile d’amener de force un témoin qui manifestement refuse de parler et de venir devant une visioconférence ? », avait déclaré mardi le président de la cour, Régis de Jorna.
Plusieurs avocats, de la partie civile comme de la défense, se sont toutefois opposés à une annulation de son audition.
« C’est une question de principe. Même s’il refuse de s’exprimer, il doit être entendu. Ce n’est pas lui qui décide », a jugé Jean Chevais, avocat de l’un des accusés.
De nouveau interrogé jeudi sur un éventuel mandat d’amener décerné à Peter Cherif, le président de la cour a indiqué que « toutes les indications ont été données à la maison d’arrêt pour que la visioconférence puisse avoir lieu ».
Présenté comme un possible commanditaire de la tuerie de Charlie Hebdo, Peter Cherif avait été arrêté en décembre 2018 à Djibouti avec sa femme et leurs deux enfants, et placé en détention dans l’attente de son procès pour association de malfaiteurs terroristes.
Peter Cherif partageait avec les frères Saïd et Chérif Kouachi le même mentor, Farid Benyettou, ancien prédicateur de la « filière des Buttes-Chaumont », qui acheminait des jihadistes vers l’Irak.
Il a également fréquenté à la prison de Villepinte le futur tueur de l’Hyper Cacher, Amédy Coulibaly, et deux des accusés au procès, Amar Ramdani et Nezar Mickaël Pastor Alwatik.
Avant Peter Cherif, la cour d’assises doit entendre depuis la prison où elle est détenue Sonia M., une Française rentrée de Syrie en janvier qui a affirmé devant un juge d’instruction que son premier mari, le vétéran du jihad Abdelnasser Benyoucef, était le commanditaire de l’attentat contre l’Hyper Cacher.