Des milliers de personnes ont manifesté samedi en Pologne pour la troisième journée consécutive contre une quasi totale interdiction de l’avortement, alors que la législation du pays comptait déjà parmi les plus restrictives de l’UE.
Le Tribunal constitutionnel polonais a proscrit jeudi l’IVG en cas de malformation grave du foetus, une décision a priori définitive, pourtant contestée par l’opposition libérale et des organisations de défense des droits des femmes dans ce pays profondément ancré dans la tradition catholique.
Chantant « Liberté, égalité, droits des femmes », les protestataires – bravant l’interdiction des rassemblements publics décrétée par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus – ont déflié dans les rues à travers tout le pays pour dénoncer la décision du Tribunal constitutionnel.
« Honte » ou « guerre aux femmes » proclamaient des banderoles brandies par les manifestants, qui réclament également un référendum sur le sujet.
Le jugement, conforme au souhait du parti ultra-catholique nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS), restreint le droit à l’avortement aux seuls cas de danger de mort pour la femme enceinte et de grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste.
Selon les données officielles, la Pologne, pays de 38 millions d’habitants, a enregistré en 2019 seulement environ 1 100 cas d’IVG, dont l’écrasante majorité était autorisée à cause d’une malformation irréversible du foetus.
Selon des ONG, le nombre d’IVG pratiquées clandestinement en Pologne ou dans des cliniques étrangères pourrait atteindre près de 200 000 par an.