Prison ferme après des menaces de mort contre une avocate du procès des attentats de 2015

Il avait menacé de mort sur les réseaux sociaux une avocate du procès Charlie Hebdo : un homme de 54 ans a été condamné lundi à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis lundi à Marseille.

Me Samia Maktouf, conseil de Lassana Bathily, l’ancien magasinier de l’Hyper Cacher de l’Est parisien pris en otage le 9 janvier 2015, a porté plainte après avoir reçu sur son profil Facebook plusieurs messages publics envoyés par cet homme sous son vrai nom.

Cet homme a été jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Marseille, où il réside, et placé sous mandat de dépôt. Il était accusé d’avoir proféré des menaces de mort à l’encontre de l’avocate, assurant défendre le prophète Mahomet, selon des captures d’écran que l’AFP a pu consulter.

Les messages envoyés entre le 20 septembre et le 17 octobre se sont intensifiés le 16 octobre, date à laquelle Samuel Paty, un professeur d’histoire-géographie de région parisienne, a été décapité par un réfugié d’origine russe tchétchène de 18 ans, relève la plaignante.

Me Maktouf, retenue au procès des attentats qui se déroule jusqu’au 10 novembre devant la cour d’assises spéciale de Paris, n’était pas présente lundi à Marseille.

« Le tribunal n’a pas peur, mais quand on voit ces photos et ces propos, vous faites peur », a déclaré le président Patrick Gosselin. D’autres vidéos et photos retrouvées sur l’ordinateur du Marseillais et en partie diffusées à l’audience le montrent brandissant une machette.

A la barre, le cinquantenaire aux cheveux grisonnants s’est excusé et a exprimé des regrets d’une voix presque inaudible. « Je ne suis pas comme ça », a-t-il bredouillé, arguant qu’il avait pris des stupéfiants lorsqu’il avait posté ces menaces en ligne, après avoir vu l’avocate à la télévision.

Vol, vente et acquisition de stupéfiants, port d’arme: le président a listé la vingtaine de mentions au casier de cet ancien SDF né en Algérie, dont les premières commencent dans les années 1980.

Mais depuis 2014, date à laquelle il était sorti de prison, ce « mouton égaré » n’avait plus été condamné et se faisait soigner pour des addictions à diverses drogues, a insisté son avocat, Me Nicolas Lemoine.

Selon lui, il n’y avait « pas d’éléments matériels qui puissent démontrer » que son client, un « marginal » qui souffre d’un déficit cognitif léger et d’alcoolisme, « pouvait passer à l’acte ».

Mais pour l’avocat de l’accusation, Me Yann Arnoux-Pollak, qui a souligné la teneur sexiste et raciste des propos du prévenu, cette affaire illustre le « vecteur de haine que peuvent être les réseaux sociaux ».

Me Maktouf « a l’habitude, elle a le cuir épais (…) mais cette fois, ça suffit », a abondé Me Yassine Yakouti, conseil de l’Ordre des Avocats du Barreau de Paris, qui s’est porté partie civile. L’assassinat de Samuel Paty a été, selon lui, « un déclencheur ».

Très médiatisée, Me Maktouf représente régulièrement des parties civiles dans des procédures d’attentats terroristes, défendant la mère du militaire assassiné par Mohamed Merah en 2012 et des familles de victimes des attentats de Nice et de novembre 2015.