L’énigmatique épouse de Donald serait «beaucoup plus puissante et influente auprès de son mari» que ne le soupçonnent les observateurs.
Longtemps, Melania Trump a paru réticente à habiter pleinement son rôle de «First Lady». Quatre ans après son arrivée à la Maison-Blanche, l’ex-mannequin slovène reste parcimonieuse dans ses interventions, mais elle est montée au créneau pour son mari chaque fois qu’il a eu besoin d’elle.
Le fond de la pensée de la troisième femme de Donald Trump, naturalisée américaine en 2006, a toujours fait l’objet de spéculations: partage-t-elle les idées de son époux? Est-elle heureuse dans son mariage et son rôle de première dame? Des pancartes ou des hashtags «Free Melania» (Libérez Melania) ont même fleuri il y a quelques années lors de manifestations ou sur les réseaux sociaux.
Mme Trump, 50 ans, port altier et regard de glace, semble n’en avoir cure. La Première dame est «beaucoup plus puissante et influente auprès de son mari» que ne le soupçonnent les observateurs, affirmait la journaliste de CNN Kate Bennett dans un livre paru l’an dernier, en dressant le portrait d’une femme forte et indépendante.
Née Melania Knauss en Slovénie, elle a quitté son pays pour Milan et Paris dans l’espoir de percer comme mannequin. Sa carrière l’amène aux États-Unis en 1996; elle rencontre M. Trump deux ans plus tard et l’épouse en 2005. Ensemble, ils ont un garçon, Barron, 14 ans aujourd’hui.
Son aventure américaine, qui l’a menée dans la résidence présidentielle la plus célèbre au monde, lui a permis de mener une vie de jet-setteuse, entre les dorures de la Trump Tower à New York, avec vue imprenable sur Central Park, et les imposantes résidences de son mari en Floride.
Au départ, Melania Trump n’était pas enthousiaste à l’idée d’une présidence Trump, a raconté le magnat de l’immobilier au «Washington Post»: «Elle a dit: on a une si belle vie. Pourquoi veux-tu faire ça?» Elle est finalement devenue la première femme d’un président américain à être née en dehors des États-Unis en près de deux siècles.
Ceux qui la suivent ont souvent été réduits à devoir interpréter un mot, un geste ou… un vêtement. Comme lorsqu’en 2018, pendant une visite à des enfants migrants à la frontière avec le Mexique, elle a porté une veste avec le message suivant: «I really don’t care, do u?» (Je m’en fiche complètement, et vous?).
Visait-elle le public? Son mari? Sa porte-parole a assuré «qu’il n’y avait pas de message caché», mais Melania Trump a plus tard dit le contraire. «J’ai mis la veste (…) pour les médias de gauche qui me critiquent, et je veux leur montrer que je m’en fiche. (Que) ça ne m’empêchera pas de faire ce que je juge juste», a-t-elle expliqué, impassible, à la chaîne ABC.
Il faut dire que presque à chaque fois qu’elle est intervenue en public, le retour de bâton n’était pas loin. Son discours devant la convention républicaine en 2016 avait été ridiculisé, et pour cause: des passages entiers étaient tirés d’un discours de l’ex-Première dame Michelle Obama.
La campagne contre le harcèlement «Be Best» – un slogan à la grammaire approximative – qu’elle a lancée a aussi essuyé des quolibets, beaucoup pointant l’ironie qu’elle ait choisi cette cause alors que son mari est connu pour abreuver ses adversaires d’adjectifs peu glorieux.
«Elle est là»
Il y a deux ans, elle expliquait que le plus difficile à gérer, dans son nouveau rôle, était «les opportunistes qui utilisent mon prénom ou mon nom de famille pour faire avancer (leurs intérêts), des humoristes aux journalistes ou aux auteurs de livres». «Ça ne me blesse pas», avait-elle soutenu, mais «le problème c’est qu’ils écrivent l’histoire et qu’elle n’est pas correcte».
Pendant la campagne de réélection de son mari, Melania Trump, qui a comme lui été infectée par le coronavirus, s’est faite rare. Mais elle a tenu son premier meeting, en solo, une semaine pile avant l’élection du 3 novembre, et doit encore s’exprimer ce week-end.
«Je ne suis pas toujours d’accord avec la façon dont il dit les choses», a confié mardi la première dame sous les rires de l’assemblée. Mais «Donald est un battant. Il aime ce pays et il se bat pour vous tous les jours», a-t-elle ajouté.
Jeudi, fait rare, Melania était aux côtés de son mari en Floride. «Une voix pour le président Trump est une voix pour une Amérique meilleure», a-t-elle lancé, lunettes de soleil sur le nez. «À chaque fois qu’il a besoin d’elle pour un grand geste de soutien, elle est là», estime Katherine Jellison, professeure d’histoire à l’Université de l’Ohio.