Personnages-clés du football mondial, ils risquent désormais la prison: le patron de beIN et du PSG Nasser Al-Khelaïfi et l’ex-numéro 2 de la Fifa Jérôme Valcke connaîtront leur sort vendredi en Suisse dans une affaire de droits télévisés.
Les trois magistrats du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone liront à 13H30 locales (12H30 GMT) leur décision contre les deux prévenus, ainsi que contre Dinos Deris, un homme d’affaires grec absent pour raison de santé de l’audience tenue en septembre.
Dans cette affaire, le parquet avait demandé 28 mois d’emprisonnement contre M. Al-Khelaïfi, qui n’assistera pas au jugement en raison des restrictions sanitaires, 3 ans contre M. Valcke et 30 mois contre M. Deris, avec sursis partiel dans les trois cas.
Il s’agit pour la justice suisse de trancher pour la première fois l’un des multiples scandales qui entourent la Fifa depuis 2015, alors que les Etats-Unis ont déjà envoyé deux dirigeants latino-américains du football derrière les barreaux pour « racket ».
Ancien bras droit du patron déchu de la Fifa Sepp Blatter, Jérôme Valcke se voit reprocher d’avoir conclu dans le dos de son employeur un pacte avec Nasser Al-Khelaïfi, relevant de la « gestion déloyale » passible de cinq ans de prison.
Pour l’accusation, M. Valcke a monnayé son soutien à beIN en échange de « l’usage exclusif » d’une luxueuse villa sur la Côte d’Emeraude sarde, achetée pour lui 5 millions d’euros fin 2013 par une société brièvement détenue par Nasser Al-Khelaïfi.
L’ancien secrétaire général de la Fifa a admis avoir sollicité l’aide du dirigeant qatari pour financer la « Villa Bianca », quelques mois avant la signature en avril 2014 d’un contrat entre beIN et l’instance du football portant sur les droits en Afrique du Nord et au Moyen-Orient des Mondiaux-2026 et 2030.
Mais pour les prévenus, qui plaident chacun la relaxe, ces deux épisodes n’ont « rien à voir »: ils ont l’un comme l’autre évoqué un arrangement « privé », assurant que verser des pots-de-vin n’aurait eu aucun sens tant beIN, seul en lice, a payé un montant très élevé dont la Fifa ne s’est jamais plainte.
Devenue un géant mondial des droits sportifs, la chaîne qatari a en effet déboursé 480 millions de dollars pour deux Coupes du Monde, soit 60% de plus que pour les Mondiaux-2018 et 2022, un contrat qualifié par M. Valcke de « stupéfiant », « fantastique », « sublime pour la Fifa ».