Grève générale au Cachemire indien pour protester contre une nouvelle loi

Le Cachemire indien observe samedi la grève générale la plus importante depuis que ce territoire a perdu son statut semi-autonome l’an dernier, la colère montant contre une nouvelle loi permettant aux Indiens non originaires de ce territoire disputé d’y acquérir des terres.

Les commerces et les entreprises étaient fermés et la plupart des habitants sont restés chez eux, à l’appel d’une coalition de groupes religieux et politiques qui réclame l’autodétermination pour cette région disputée. Des forces de sécurité dépêchées en renfort patrouillaient les rues quasi-vides. Jeudi, New Delhi a adopté une nouvelle loi autorisant pour la première fois tout citoyen indien à acheter des terres au Cachemire indien, ce qui était interdit jusque là. En août 2019, le gouvernement indien avait révoqué l’autonomie constitutionnelle du Cachemire indien, disputé avec le Pakistan et en proie à une insurrection séparatiste depuis 30 ans, resserrant son contrôle sur cette zone poudrière. Rétrogradé au statut de territoire de l’Union gouverné directement par New Delhi, le Jammu-et-Cachemire avait en outre été divisé en séparant le Ladakh, sa partie orientale à majorité bouddhiste. La nouvelle loi a suscité des protestations y compris parmi certains groupes pro-indiens, qui l’ont accusée de viser l’identité majoritairement musulmane du territoire. Cette loi permet également aux forces armées indiennes de réserver des zones stratégiques pour y construire des infrastructures militaires. Plus de 500.000 soldats indiens sont déployés au Cachemire. Beaucoup d’habitants du Cachemire accusent le gouvernement de tenter de diluer la population locale dans le seul territoire à majorité musulmane en Inde. L’ancien chef de l’exécutif du Jammu-et-Cachemire, Omar Abdullah, a affirmé que le Cachemire avait été « mis en vente, et dénué de toute protection ». « Les amendements alimentent la crainte de changements démographiques. Ils veulent altérer le caractère » du territoire, a affirmé M. Abdullah, l’un des centaines de chefs politiques détenus pendant des mois pour les protestations de l’an dernier. En proie à une sanglante insurrection séparatiste contre l’Inde depuis 1989, le Cachemire est revendiqué aussi bien par l’Inde que le Pakistan depuis la fin de l’occupation britannique en 1947 et divisé de facto entre les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud.