Législatives en Géorgie: l’opposition unie face au parti au pouvoir

Les Géorgiens ont commencé samedi à se rendre aux urnes pour des législatives à l’issue incertaine, l’opposition ayant réussi à s’unir face au parti au pouvoir dirigé par l’homme le plus riche de ce pays du Caucase, de plus en plus impopulaire.

Les bureaux de vote ont ouvert à 04H00 GMT et fermeront à 16H00 GMT, heure à laquelle sont attendus de premiers sondages de sortie des urnes.

Des observateurs internationaux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont été déployés pour assister au scrutin, dont les résultats préliminaires ne seront connus qu’après minuit heure locale.

La Géorgie, pays montagneux d’environ quatre millions d’habitants, est un rare exemple démocratique parmi les ex-républiques d’URSS mais reste régulièrement secouée par des manifestations anti-gouvernementales.

Deux personnalités y dominent la vie politique : l’ex-président en exil Mikheïl Saakachvili, 52 ans, à la carrière politique rocambolesque en Ukraine ces dernières années, et le milliardaire Bidzina Ivanichvili, 64 ans, un temps Premier ministre.

La formation de M. Saakachvili, le Mouvement national uni (MNU), a réussi à rassembler cette année plusieurs groupes d’opposition pour affronter le Rêve géorgien de M. Ivanichvili, au pouvoir depuis 2012.

Jeudi, des dizaines de milliers de soutiens de Mikheïl Saakachvili se sont réunis sur la place principale de Tbilissi, la capitale.

« Notre victoire approche. La Géorgie s’est réveillée et est prête à choisir la liberté plutôt que l’oppression », a lancé à la foule l’opposant et ancien président Saakachvili, s’exprimant par visio-conférence.

Contraint à l’exil en 2013 après son deuxième mandat, car il craignait d’être arrêté pour des accusations d’abus de pouvoir, Mikheïl Saakachvili a envisagé son retour et sa nomination au poste de Premier ministre, en cas de victoire aux législatives.

En huit ans de pouvoir, le parti Rêve Géorgien a vu sa popularité s’effriter sur fond de stagnation économique et d’accusation d’atteinte à la démocratie. Il est reproché à son chef, Bidzina Ivanichvili, d’avoir fait pression contre ses adversaires et favorisé la corruption.

« Un oligarque qui possède 40 % des richesses du pays se l’est approprié et le dirige comme son fief », a affirmé M. Saakachvili, interviewé par l’AFP.

Selon des estimations, l’opposition disposerait d’une courte avance dans les intentions de vote, mais le Rêve géorgien peut mobiliser ses « ressources financières et administratives » pour battre ses adversaires, estime l’expert Gia Nodia.

Grâce à une réforme renforçant la proportionnelle, les petits partis ont toutefois plus de chances d’entrer au Parlement cette année, il leur suffira d’obtenir plus de 1 % des voix. Toutefois, à cause de la complexité des règles électorales, les résultats définitifs pourraient n’être connus que fin novembre.

Cette réforme électorale va rendre fort « le pluralisme du Parlement », a affirmé le Premier ministre Guiorgui Gakharia à l’AFP, confiant dans la victoire de son camp et assurant qu’elle permettra de rapprocher la Géorgie de l’Union européenne et de l’Otan.

Cette ambition atlantiste, partagée par les deux camps, est très mal perçue à Moscou. En août 2008, ces tensions avaient dégénéré en une guerre éclair entre la Géorgie et la Russie. Après ce conflit de cinq jours perdu par la Géorgie, le Kremlin a reconnu l’indépendance de deux républiques sécessionnistes, l’Ossétie du Sud et l’Abkazie, et y a déployé des troupes.