En pleine crise de Covid-19, l’économie du Maroc a connu une forte récession, enregistrant 581.000 pertes d’emploi, un taux d’endettement de 76% du PIB et entre 6,47 et 7,30 milliards d’euros d’impayés, a déclaré le directeur de la banque centrale au Parlement. Il a estimé que la croissance ne repartirait qu’en 2023.
Mardi 25 novembre, lors d’une présentation devant les membres de la Commission des finances à la chambre des représentants (la chambre basse du Parlement marocain), le directeur de la banque centrale du Maroc (Bank Al-Maghrib) Abdellatif Jouahri a dépeint la situation critique de l’économie du pays, a rapporté le site d’information Yabiladi. Il a par ailleurs présenté quelques mesures d’urgence à même d’amortir le choc et de créer les conditions d’une relance pour l’horizon 2023.
«L’économie du Maroc connaîtra une forte récession de l’économie, une perte sensible […] d’emploi[s] et une instabilité des équilibres macroéconomiques», a affirmé M.Jouahri, ajoutant que «les derniers développements de la pandémie, au niveau interne comme externe, aggrave les inquiétudes quant à l’évolution de cette situation». «À chaque fois que nous consultons les publications des institutions comme la banque mondiale, l’OCDE, le mot d’ordre est l’incertitude», a-t-il soutenu.
Des indicateurs économiques au rouge
À l’exception du taux d’inflation qui se maintiendra au-dessous de 1% en 2020 et 2021, le reste des indicateurs de l’économie du Maroc pointent à des niveaux inquiétants.
En effet, selon le responsable le taux de chômage constitue le «vrai point noir». «Lors du troisième trimestre, près de 581.000 emplois ont été perdus, tandis que le taux de chômage a augmenté de 3,3 points pour atteindre 12,7% au niveau national», a-t-il expliqué, précisant que «ce taux passe à 16,5% dans le milieu urbain et à 46,7% chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans».
Dans le même sens, il a averti que «le déficit du compte courant s’aggravera, tandis que le déficit budgétaire atteindra 7,9%, et l’endettement du Trésor public grimpera à 76% du PIB en 2020 avant de revenir à 75%».
Le secteur bancaire a été également impacté par la crise en raison de l’augmentation des impayés et ainsi des coûts des assurances de défaut de payement. «La crise que nous vivons n’est pas sans effet sur le secteur bancaire, notamment en ce qui concerne les impayés et les coûts des risques», a-t-il fait savoir, affirmant qu’«à la fin des neuf premiers mois, les créances en souffrance ont augmenté de 70 à 79 milliards de dirhams (6,47 à 7,30 milliards d’euros. Ndlr)».
Compte tenu de tous ces indicateurs, Abdelatif Jouahri a estimé que «sur le court terme, la relance sera lente en général et durera dans le temps pour certains secteurs, car elle dépendra de l’évolution de la pandémie et de ses délais». «La plupart des indicateurs l’attestent, il faut attendre 2023 pour la relance», a-t-il lancé.
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