Vente de frégates à la Grèce: la France peut-elle encore couler les États-Unis?

La Grèce n’aurait pas fermé la porte à l’achat de frégates françaises. Le contrat, quasi-promis à Naval Group, avait selon la presse hellénique finalement été remporté par l’américain Lockheed Martin. Mais dans cette bataille navale homérique, Paris est touchée, mais peut-être pas coulée par Washington et le jeu est plus ouvert qu’il n’y paraît.

Un budget Défense rehaussé de 57%, à 5,5 milliards d’euros. Malgré la crise qui la frappe depuis une décennie et le contexte du Covid-19, la Grèce vient de décupler les fonds alloués au renforcement de ses capacités militaires. D’ailleurs, si le vote du budget général s’est joué à une poignée de voix au Parlement, la majorité fut nette lors de l’approbation de son volet Défense et de ce plan de modernisation des forces armées, à 189 voix pour, sur 300 députés.

En France, cette rallonge budgétaire rassure sur la perspective de concrétiser l’achat de 18 Rafale, pour laquelle rien n’est encore signé entre Paris et Athènes. Florence Parly serait attendue la semaine prochaine, selon le ministère grec de la Défense, afin de finaliser ce contrat.

Mais un autre dossier, toujours en suspens, est revenu cette semaine sur le devant de la scène: celui des frégates. Selon La Tribune, la France aurait adressé une nouvelle offre, moins chère, à la Grèce. L’hebdomadaire économique et financier souligne au passage les récents propos du ministre grec de la Défense, qui déclarait aux députés que leur pays n’avait «pas tourné le dos à la France» sur ce dossier.

Frégates: la Grèce «n’a pas tourné le dos» à la France

Il faut dire que contrairement aux Rafale, une lettre d’intention avait été signée à Paris entre les deux ministres de la Défense en octobre 2019 portant sur l’acquisition de deux frégates de défense (FDI) Belh@rra de Naval Group. Bien qu’à cette occasion, le ministre grec de la Défense ait prévenu son homologue français qu’il restait «encore beaucoup de chemin à parcourir» sur ce dossier, aucune mise en compétition internationale n’avait été annoncée par les autorités grecques pour ce contrat d’État à État.

Deux semaines plus tard, jour pour jour, la première tôle de la première FDI était découpée à Lorient en présence de Florence Parly, du PDG de Naval Group et du vice-amiral grec. Mais, un an plus tard, la presse hellénique laissait entendre que le cœur des décideurs grecs aurait finalement chaviré pour l’offre de Lockheed Martin.

Un revirement qui aurait été le fruit d’un démarchage «agressif», mené sous la houlette de l’ambassadeur des États-Unis en Grèce. De fait, le numéro un mondial de l’armement, qui lorgnait ce marché grec depuis décembre 2018, avait reçu une demande d’information des autorités du pays, restée lettre morte durant près d’un an. Le groupe américain ne jugea bon de répondre aux Grecs qu’une semaine après la rencontre à Paris entre Florence Parly et Nikos Panagiotopoulos.

Dans son offre, Lockheed Martin a cassé les prix en proposant quatre frégates MMSC (multi-mission surface combatants) pour quasiment le même prix que deux Belh@rra (environs deux milliards d’euros contre près de trois milliards côté français), l’armement en prime. Mieux: l’américain promet un premier bâtiment livré deux ans avant la date avancée par le Français pour la livraison de sa première FDI. Une offre clairement à perte pour l’industriel du Maryland, estimait à l’époque La Tribune, rappelant qu’un an plus tôt, un contrat similaire avec l’Arabie saoudite avait été estimé à six milliards de dollars. Celui-ci fut toutefois signé, avec Ryad, pour 1,93 milliard de dollars fin 2019.

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