WhatsApp a demandé à ses deux milliards d’utilisateurs d’accepter de nouvelles conditions d’utilisation, lui permettant de partager plus de données avec sa maison-mère Facebook. Une mise à jour qui inquiète les usagers de l’application de messagerie.
Le 7 janvier, la célèbre application de messagerie WhatsApp était sous le feu des critiques pour avoir demandé à ses quelque deux milliards d’usager d’accepter de nouvelles conditions d’utilisation, lui permettant de partager plus de données avec sa maison-mère Facebook. Les utilisateurs qui refusent ne pourront plus accéder à leur compte à partir du 8 février. Cette évolution n’est pour le moment mise en œuvre que partiellement en Europe.
Le groupe cherche à monétiser sa plateforme en permettant aux annonceurs de contacter leurs clients via WhatsApp – voire d’y vendre directement leurs produits – comme c’est déjà le cas en Inde, par exemple. Selon Le Monde, les données qui pourront être partagées entre WhatsApp et l’écosystème d’applications de Facebook (dont Instagram et Messenger) comprennent le numéro de téléphone, les adresses IP ainsi que les informations relatives aux appareils des utilisateurs, mais pas le contenu des messages, qui restent eux chiffrés.
#WhatsApp updated its Privacy Policy and Terms of Services, making data-sharing with Facebook mandatory for all.
IMPORTANT — You must accept it before February 8; otherwise, your account will be DELETED.
#facebook #datasecurity pic.twitter.com/xnE5rFDliG
— Palak ✨ (@palaklive_) January 6, 2021
«Les mises à jour des politiques de confidentialité sont courantes dans l’industrie et nous apportons aux utilisateurs toutes les informations nécessaires pour vérifier les changements qui prendront effet le 8 février», s’est défendu un porte-parole du groupe dans une déclaration transmise à l’AFP.
La France à l’abri de ce nouveau partage de données ?
Les nouvelles conditions d’utilisation de WhastApp diffèrent cependant entre l’Union européenne par exemple – où le règlement général sur la protection des données (RGPD) est en vigueur depuis 2018 – et le reste du monde. Dans le cas de l’Union européenne (UE) et du Royaume-Uni, les données personnelles ne devraient ainsi n’être utilisées que pour développer les fonctionnalités offertes aux comptes professionnels WhatsApp Business. «WhatsApp ne partage pas les données de ses utilisateurs en Europe avec Facebook dans le but que Facebook les utilise pour améliorer ses produits ou ses publicités», a ainsi assuré un porte-parole de la messagerie. Pour l’heure, au sein de l’UE, un message d’information indiquant cette évolution plus légère que celle prévue pour le reste du monde s’affiche uniquement sur les versions de l’application installées en anglais, comme précise Le Monde.
Sur Twitter, nombre d’utilisateurs s’alarmaient le 7 janvier d’avoir donné leur consentement sans avoir lu en détail les changements induits. Le patron de Tesla Elon Musk – qui est désormais l’homme le plus riche du monde – suggérait dans un tweet d’utiliser l’application concurrente Signal.
«Si la seule façon de refuser [cette modification], c’est d’arrêter d’utiliser WhatsApp, alors le consentement est forcé et les traitements de données personnelles sont illégaux», a dénoncé auprès de l’AFP Arthur Messaud, juriste pour l’association de défense des internautes La Quadrature du net.
Interrogée par l’AFP, la Commission nationale Informatique et Libertés (Cnil), régulateur français de l’internet, a rappelé que le rachat de WhatsApp par Facebook pour 22 milliards de dollars en 2014 – et notamment les conditions de transfert des données – était en cours d’examen au niveau européen. «Ce dossier devrait trouver une issue en 2021», selon la Cnil.
Interrogés sur le sujet, des porte-paroles de la Commission européenne ont rappelé que Facebook avait été condamné en 2017 à une amende de 110 millions d’euros pour avoir fourni des renseignements inexacts pendant l’enquête de l’UE sur son rachat de l’application mobile WhatsApp. Facebook est depuis des mois – comme les autres Gafam (Google, Apple, Amazon, Microsoft) – dans le viseur des autorités européennes et américaines qui reprochent à ces conglomérats du nouveau millénaire des pratiques jugées anticoncurrentielles. Tandis que les Européens planchent sur une nouvelle réglementation potentiellement très contraignante sur le sujet, la justice américaine avait validé au printemps une amende de cinq milliards de dollars infligée à Facebook pour ne pas avoir su protéger les données personnelles.
Rejoignez News-Front sur Facebook, Vkontakte, et Telegram pour découvrir le meilleur de nos informations