Certains assurent qu’elle sera «chèrement payée pour voir du racisme partout», d’autres pointent son «inquiétante intolérance». Le profil retenu par la Ville de Montréal pour la première «commissaire à la lutte contre le racisme» fait polémique.
Ainsi que le rapportent plusieurs médias québécois, un vent d’indignation a déferlé sur la province canadienne après que la Ville de Montréal a choisi, le 12 janvier 2021, l’ancienne porte-parole du Conseil national des musulmans, Bochra Manaï, en tant que première «commissaire à la lutte contre le racisme», dont le rôle affiché est de combattre ces phénomènes dans la métropole. Les détracteurs de la chercheuse exerçant dans le milieu communautaire lui reprochent notamment ses récentes prises de position contre la loi sur la laïcité de l’Etat.
«Pour nous, il s’agit d’une erreur de la part de la Ville de Montréal. Le gouvernement du Québec fait déjà de la lutte contre le racisme une priorité, comme en témoigne le rapport déposé en décembre dernier», a par exemple fait valoir le cabinet du Premier ministre québécois François Legault, cité par Radio-Canada.
«L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme», pointe également une tribune signée par 42 intellectuels et publiée le 21 janvier dans le Journal de Québec. Les signataires rappellent que «Mme Manaï a livré en 2019 un discours rempli d’amalgames où elle a inscrit dans la même logique l’adoption de la loi sur la laïcité, l’attentat de la Mosquée de Québec et celle de Christchurch (Nouvelle-Zélande). Elle a même indiqué que « le Québec est désormais une référence pour les suprémacistes extrémistes du monde entier »».
[LETTRE D'OPINION] L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme #JDQ #Montreal
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— Le Journal de Québec (@JdeQuebec) January 21, 2021
«C’est inquiétant de voir qu’on a nommé à ce poste quelqu’un qui a qualifié la loi 21 de « suprémaciste » et que le poste réfère au « racisme systémique ». Clairement, l’administration de la Ville a décidé d’utiliser des deniers publics pour imposer son idéologie, ce qui divisera davantage», a pour sa part estimé Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois qui revendique l’indépendance de la province.
«Il y aura donc à Montréal une idéologue chèrement payée par les contribuables pour voir du racisme partout», a écrit le célèbre essayiste Mathieu Bock-Côté dans les colonnes du Journal de Montréal. «Nous finançons notre colonisation mentale et notre américanisation à même nos fonds publics», y affirme-t-il encore.
Interviewée par Radio-Canada, la nouvelle commissaire a assuré comprendre les inquiétudes formulées à son encontre, tout en se voulant rassurante. Exerçant dans le milieu communautaire depuis plusieurs années, la géographe a affirmé que sa démarche a toujours été basée «sur la concertation, l’écoute et le dialogue» «Je ne viens pas comme quelqu’un qui polarise ou divise, je souhaite faire dialoguer les employés autour d’enjeux qui les concernent», a-t-elle déclaré.
Dans le champ associatif, Bochra Manaï a dirigé l’organisme Parole d’excluEs et occupé le poste de porte-parole du Conseil national des Canadiens musulmans (CNCM). Elle a en outre participé aux travaux de la Table de la diversité, l’inclusion et la lutte contre les discriminations, qui a transmis des recommandations à la Ville de Montréal en 2019, ainsi que le relève l’agence de presse turque Anadolu.
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