Soldats d’infortune: en Guyane, des légionnaires perdus dans la jungle faute de moyens

Des légionnaires de l’opération Harpie auraient passé soixante-douze jours isolés en pleine forêt guyanaise, faute d’hélicoptère et de budget pour leur payer des moyens de transmission. Une mésaventure, sur fond de mobilisation contre le Covid, qui vient illustrer l’écart entre les moyens théoriques et réels dont dispose l’armée française.

Un groupe de légionnaires parti traquer les orpailleurs clandestins dans la jungle guyanaise s’est retrouvé dans une sacrée galère! Le site Opex360 révèle que des soldats français auraient passé soixante-douze jours dans la jungle, coupés du monde, faute d’hélicoptère disponible pour venir les récupérer. Des déboires relatés au média par le sénateur du territoire de Belfort, Cédric Perrin, également vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Ce dernier a pris part au déplacement en Guyane d’une délégation parlementaire au mois de décembre.

Des soldats du 9e RIMA et du 3e REI qui, à 400, doivent couvrir une zone de 41.000 km². Une zone «grande comme la Suisse, mais une Suisse sans route», précisait le député communiste du Puy-de-Dôme, André Chassaigne. Rapporteur de la commission auprès des forces armées, celui-ci salue lors d’une téléconférence de la commission de la défense à l’Assemblée nationale le 20 janvier, les succès remportés par les gendarmes et les Forces armées de Guyane (FAG), malgré la faiblesse de leurs moyens techniques et humains.

«En 2020, les FAG ont mené 986 patrouilles conjointes, ont saisi 197 kilos de mercure, 950 motopompes, 169 pirogues, 162 moteurs hors-bord et 283.000 litres de carburant, 162 tonnes de vivres. Le montant de l’ensemble des saisies s’est élevé à 19,6 millions d’euros d’avoir criminels», énumère André Chassaigne.

«Ces chiffres témoignent du niveau d’engagement extraordinaire des militaires», insiste le député communiste, qui revient sur l’ampleur de la lutte quotidienne de ces hommes dans le cadre de l’opération Harpie, cette mission de lutte contre l’orpaillage sauvage lancée en février 2008. Le nombre d’orpailleurs illégaux (les «garimpeiros») est estimé à pas moins de 10.000. Il y aurait un site d’orpaillage par soldat français! Venant majoritairement du Brésil voisin, ils sont attirés par l’explosion du cours de l’or qui aujourd’hui avoisine le 50.000 euros le kilo. Leur activité cause d’important dégâts environnementaux et handicape l’économie locale.

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