La nouvelle Administration Biden a suspendu les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et de chasseurs F-35 aux Émirats arabes unis afin de «réexaminer» la décision prise sous la présidence de Donald Trump. Une décision temporaire, tant les Américains font de ce marché une priorité dans la région, estime le géopolitologue Manuel Pouchelet.
«Les Américains dominent le marché de l’armement au Moyen-Orient, où ils détiennent 48% du marché local», précise d’emblée Manuel Pouchelet.
Pour l’expert en géopolitique, la décision de Joe Biden de geler des ventes d’armes à l’Arabie saoudite et celle de chasseurs F-35 aux Émirats arabes unis, n’est qu’un trompe-l’œil, tant l’économie dicte le politique. Un simple effet d’annonce pour donner l’impression que Joe Biden veut enterrer l’ère Trump, selon ce formateur et conférencier en géopolitique auprès de ministères et d’organismes internationaux, tels que l’Onu, l’Otan, ou l’UE.
Le Département d’État américain a indiqué que ces marchés, passés sous la précédente Administration devaient être «réexaminés», précisant toutefois qu’il s’agissait d’une procédure de routine en période de transition. Une chose est sûre, cette mesure surprend, compte tenu des liens tissés entre Donald Trump et les pétromonarchies du Golfe. Plusieurs États de la région (Bahreïn et les Émirats arabes unis) ont même signé des accords de normalisation avec Israël en vue de constituer un front commun contre l’Iran.
Vente de F-35 aux #Emirats suspendue par l'administration #Biden: simple formalité ou remise en question des accords d'Abraham ? pic.twitter.com/VgeUlPJpoB
— i24NEWS Français (@i24NEWS_FR) January 28, 2021
Avec l’arrivée de Joe Biden à la tête de la Maison-Blanche, Israël s’inquiétait du positionnement de la nouvelle Administration sur plusieurs dossiers au Moyen-Orient. Avec ce report, Joe Biden montrerait finalement à son allié qu’il souhaiterait favoriser Israël dans la région, estime Manuel Pouchelet.
Car malgré la récente normalisation entre les Émirats arabes unis et Israël, Tel-Aviv ne souhaiterait pas qu’un pays arabe obtienne les mêmes avions de combat que lui.
Selon le chef de plusieurs missions d’experts au Moyen-Orient, «l’État hébreu aurait besoin d’assurances sur cette vente de F-35», soupçonnant «un dévoilement de sa stratégie militaire d’utilisation des F-35.»
Nonobstant les progrès diplomatiques dans la région, le dossier de la vente des F-35 à Abou Dhabi avait fait couler beaucoup d’encre à Tel-Aviv. L’État hébreu s’inquiétait de voir cette arme se retourner contre son propre pays. Néanmoins, une loi du Congrès spécifie que les États-Unis doivent s’assurer de la supériorité israélienne avant de vendre des armes à un pays tiers.
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