«Les Etats-Unis n’ont pas à devenir notre allié idéologique, mais peuvent cesser d’être un voisin hostile», ont écrit une centaine d’artistes, universitaires ou entrepreneurs cubains dans une lettre ouverte le 9 février.
Une centaine de Cubains, la plupart artistes, universitaires ou entrepreneurs, ont publié le 9 février une lettre ouverte au président américain Joe Biden pour lui demander de lever l’embargo en vigueur contre l’île depuis 1962.
«Président Biden, commencez à démanteler le système de sanctions qui continue d’affecter le peuple cubain», écrivent les signataires dans cette lettre remise à «la représentation diplomatique du gouvernement des Etats-Unis à La Havane et directement à la Maison Blanche».
Le texte, publié par le média en ligne indépendant La Joven Cuba et ouvert à d’autres signatures, est notamment paraphé par Alan Gross, condamné en 2011 à quinze ans de prison pour espionnage après avoir introduit du matériel de transmission satellitaire pour internet interdit sur l’île.
Sa libération en décembre 2014 avait accompagné l’annonce historique d’un réchauffement des relations entre Cuba et les Etats-Unis, sur lequel est revenu ensuite Donald Trump qui a multiplié les sanctions contre le pays communiste durant son mandat.
L’embargo le plus ample et durable jamais imposé à une nation
La lettre, qui comptait une trentaine de signataires dans la matinée, en avait une centaine en milieu d’après-midi, une centaine de commentaires d’internautes disant en outre vouloir se joindre à l’initiative. «L’administration Trump a imposé une série de sanctions qui aggravent l’embargo le plus ample et durable jamais imposé à une nation», selon les signataires, et «aujourd’hui, notre peuple en souffre de manière particulièrement forte avec les pénuries économiques».
Le texte a également été signé par de nombreux artistes ayant pris part le 27 novembre dernier au mouvement de protestation pour plus de liberté d’expression, comme le jeune dramaturge Yunior Garcia, le cinéaste Fernando Pérez ou encore l’acteur Jorge Perrugoria.
Reconnaissant que «malgré les sacrifices de tous les patriotes pour un Cuba totalement démocratique, nous sommes encore loin de cet objectif», la lettre ouverte ajoute : «Cependant, y parvenir relève de la responsabilité des Cubains, non de pressions externes».
«Les Etats-Unis n’ont pas à devenir notre allié idéologique, mais peuvent cesser d’être un voisin hostile», insistent les signataires, assurant que «compte tenu de l’asymétrie de pouvoir entre les Etats-Unis et Cuba et du caractère unidirectionnel des sanctions, c’est la responsabilité des Etats-Unis de faire le premier pas».
La publication de cette lettre survient quelques jours après le dépôt aux Etats-Unis d’un projet de loi par le sénateur démocrate Ron Wyden, soutenu par trois autres sénateurs démocrates, demandant la levée de l’embargo américain et l’établissement de «relations commerciales normales» entre les deux pays. Pour sa part, le président Biden ne s’est engagé, au cours de sa campagne, qu’à revenir sur les restrictions imposées par Trump sur les voyages et les envois d’argent des Cubains exilés aux Etats-Unis vers leurs proches sur l’île.
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