Birmanie : après le coup d’Etat, l’UE suspend sa formation de la police au contrôle des foules

Depuis 2012, l’UE fournissait une formation à la police birmane pour le contrôle des foules dans le cadre du programme Mypol. Le programme a été suspendu la semaine dernière après le coup d’Etat qui a déclenché un fort mouvement de protestation.

Alors qu’un coup d’Etat est en cours depuis le 1er février en Birmanie par l’armée et que la chef du gouvernement Aung San Suu Kyi et le président de la République Win Myint ont été arrêtés, l’Union européenne a décidé de suspendre la formation qu’elle dispensait jusque là à la police birmane en matière de contrôle des foules, a annoncé le 7 février l’ONU Burma Campaign UK, qui juge cette suspension salutaire mais très tardive.

 » [ces policiers] sont susceptibles de suivre les ordres des militaires s’ils leur demandent de tirer sur des manifestants ou de réprimer un soulèvement  » .

Selon le journal anglais The Guardian, ces unités de forces de l’ordre formées par l’UE auraient été impliquées dans la violente répression contre des manifestants s’opposant au coup d’Etat. L’Union européenne affirme pour sa part n’avoir partagé des techniques défensives avec la police birmane qu’en raison de préoccupations concernant d’éventuelles violations des droits de l’homme.

L’UE avait entamé ce programme de formation de la police birmane baptisé «Mypol» en 2012. Il consistait à fournir une formation et du matériel pour aider à moderniser les forces de police contrôlées par l’armée birmane, conformément aux «meilleures pratiques internationales et au respect des droits de l’homme». Selon The Guardian, la police européenne a en outre travaillé avec ses homologues birmans pour développer un manuel des techniques de contrôle des foules dans le cadre de «Mypol».

L’ONG Burma Campaign UK, basée à Londres, qui se félicite de l’arrêt du processus de formation, le juge cependant tardif et demande la publication par l’UE de tous les documents relatifs à ce programme. Celui-ci avait en effet été poursuivi par l’UE pendant des années malgré les accusations d’exactions contre les musulmans Rohingyas, qualifiées par l’ONU de génocidaires en 2017, et les preuves de l’implication des forces de police dans ces massacres avec l’armée.

«Il s’agit d’une force de police contrôlée par l’armée impliquée dans le génocide, et cela devrait être une ligne rouge pour ne pas fournir de formation», a déclaré Mark Farmaner, le président de Burma Campaign UK, cité par le Guardian. «En fin de compte, [ces policiers] sont susceptibles de suivre les ordres des militaires s’ils leur demandent de tirer sur des manifestants ou de réprimer un soulèvement», a-t-il ajouté.

Pour Mark Farmener, président de l’ONG basée à Londres, l’Union Européenne a fermé les yeux bien trop longtemps sur ce qu’il se passait en Birmanie pensant que «se rapprocher de l’armée et du gouvernement serait la meilleure façon de pouvoir exercer une influence positive». «Nous avons toujours été sceptiques à ce sujet», a rappelé Mark Farmener. «Nous avons toujours dit qu’il fallait un terrain plus favorable au progrès dans le pays avant d’apporter un soutien mais l’Europe a persisté malgré les inquiétudes des Birmans», a-t-il ajouté, regrettant qu’il «[ait] fallu un coup d’Etat pour que l’Union Européenne cesse ses activités de formation de la police, qui est sous la tutelle de l’armée en Birmanie».

Sur Twitter, Mark Farmener estime que l’Union européenne «devrait maintenant publier les détails de l’équipement qu’elle a fourni» à la police birmane dans le cadre de sa formation.

Celle-ci a principalement été réalisée «par la police espagnole, qui a actuellement l’un de ses formateurs en Birmanie», renchérit l’ONG sur son compte Twitter.

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