Facebook défie l’Australie en bloquant les contenus d’actualité

Depuis ce jeudi matin 18 février, plus aucun contenu d’actualité n’est visible sur Facebook en Australie. Le réseau social a annoncé qu’il s’agissait d’une mesure de rétorsion. Le Parlement australien examine actuellement un projet de loi qui doit contraindre les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) à payer les entreprises de presse pour les contenus qu’ils diffusent sur leurs plateformes. Cette décision de la firme américaine est unanimement dénoncée en Australie.

La menace est désormais une réalité. Facebook a fermé le robinet des actualités sur son réseau social en Australie, engageant ainsi un bras de fer avec le gouvernement qui souhaite répartir plus équitablement les recettes publicitaires en ligne entre les GAFA et les médias, rapporte notre correspondant à Sydney, Gregory Plesse.

Une prise de position dangereuse mais aussi irresponsable d’après Marcus Strom, président du principal syndicat de journalistes en Australie. « Facebook permet aux théoriciens du complot, à QAnon, de promouvoir de fausses informations, alors que dans le même temps, il censure de vraies informations, vérifiées, à un moment où les Australiens ont besoin d’informations fiables à propos de la pandémie. »

Qui plus est, le blocage ne concerne pas que les médias. Des centaines d’autres pages, dont celles d’organismes gouvernementaux, notamment des services sanitaires, ont été fermées et leur contenu effacé. Jeudi matin, les services d’incendie, de santé et de météorologie de tout le pays ont ainsi vu leurs pages perturbées sur le réseau social, au moment où plusieurs régions faisaient face à des situations d’urgence.

Un porte-parole de Facebook a affirmé que les pages officielles du gouvernement « ne devraient pas être affectées » par les mesures de rétorsion, et a promis le rétablissement de toutes les pages qui ont été « affectées par inadvertance ». D’autres sites du pays ont également été affectés par cette mesure et leur fonctionnement redevenait normal au fil des heures.

Cette attitude est en complète contradiction avec Google, qui a pour sa part annoncé ces derniers jours avoir signé des accords avec plusieurs groupes de presse australiens. Le géant américain a accepté ce mercredi de verser des « sommes significatives » en contrepartie des contenus du groupe de presse News Corp. de Rupert Murdoch. Il s’agit du premier contrat de ce type signé par un grand groupe de presse. News Corp. a joué un rôle déterminant afin que le gouvernement conservateur australien s’attaque aux géants de la technologie.

Face au défi de Facebook, Josh Frydenberg, le ministre des Finances australien, a assuré que l’exécutif australien ne reculerait pas : « Le gouvernement Morrison reste entièrement déterminé à voter cette loi et à l’appliquer. » Le Parlement australien doit voter cette loi d’ici la fin du mois, au plus tard.

Rejoignez News-Front sur FacebookVkontakte, et Telegram pour découvrir le meilleur de nos informations