Éléments radioactifs dans le sable venu du Sahara: un chercheur algérien pointe la France coloniale

En matière d’exposition à la radioactivité, l’Algérie a subit plus de dégâts comparativement «aux effets déjà dévastateurs du nuage de Tchernobyl», affirme le Pr Khiati dans un entretien accordé à TSA. Selon lui, les quatre explosions atmosphériques réalisées par la France dans le Sud de l’Algérie continuent à impacter plusieurs pays à la fois.

Les vents de sable venant du Sahara algérien qui ont touché plusieurs départements de l’Hexagone en février n’ont pas manqué de rappeler à certains le passé colonial de la France. En effet, des mesures de radioactivité ont mis en évidence la présence d’atomes de Césium-137 (Cs137), un isotope radioactif de cet élément émettant notamment des rayons gamma, produits lors des essais nucléaires français dans le Sahara algérien de 1960 à 1966.

Le Dr Pierre Barbet, vice-président de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO), a affirmé le 27 février sur Franceinfo que l’apparition de cette substance dans le Sahara «remonte au début des années 60, quand la France a fait des essais nucléaires atmosphériques dans cette région».

Ainsi, dans un entretien accordé au site d’information Tout sur l’Algérie (TSA), le Pr Mostefa Khiati, président de la Fondation national pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem) en Algérie, estime que ce que son pays a subi comme dégâts à cause des essais nucléaires français dans le Sahara dépasse de loin ce que la catastrophe de Tchernobyl a provoqué en Europe.

«À Tchernobyl, il y a eu un seul accident»

Selon le rapport de la mission des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) menée en 2005 dans la Sahara algérien, la France a procédé en 1960 et 1966 à 57 expérimentations nucléaires. Quatre explosions atmosphériques dans la région de Reggane du nom de code Gerboise (bleue, blanche, rouge et verte), 13 explosions souterraines à In Ekker, 35 essais froids complémentaires à Hammoudia, dans la région de Reggane, et cinq expérimentations sur le plutonium dans une zone à In Ekker, située à 30 kilomètres de la montagne où ont eu lieu les essais souterrains.

Selon un rapport du ministère français de la Défense datant de 2007, Gerboise bleue, dont l’explosion a eu lieu le 13 février 1960, était une bombe d’une puissance de 70 kilotonnes, soit trois fois plus puissante que celles d’Hiroshima et Nagasaki en 1945. Les trois autres avaient une puissance inférieure à cinq kilotonnes chacune.

«Alors que les tirs aériens n’ont fait l’objet d’aucun incident particulier, quatre des 13 expériences souterraines (Béryl, Rubis, Améthyste et Jade) n’ont pas été totalement confinées», explique le ministère de la Défense. «Il faut y ajouter l’accident du 19 avril 1962 survenu à l’occasion d’un tir de pastille (il s’agit d’expérimentation de physique du plutonium, sans dégagement d’énergie nucléaire, mettant en jeu de faibles quantités de cet élément)», souligne-t-il.

«À Tchernobyl, il y a eu un seul accident [nucléaire lors duquel le cœur du réacteur a fondu à l’intérieur de l’enceinte de confinement, ndlr]», rappelle le Pr Khiati, soulignant qu’«à Reggane il a y eu quatre explosions atmosphériques majeures dont la première […] avait une puissance supérieure à celle cumulée des trois premières bombes américaine (19 kilotonnes), soviétique (22) et britannique (22)».

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