Depuis leur livraison, la plupart des doses du vaccin AstraZeneca reçues par la France restent stockées, relate BFM TV, s’appuyant sur les données du ministère de la Santé. La chaîne a interrogé des médecins afin d’y trouver une explication.
Contrairement aux vaccins de Pfizer et Moderna, seules 273.000 doses du vaccin AstraZeneca sur les 1,137 million livrées à la France ont été injectées au 27 février, indiquent les chiffres du ministère de la Santé analysés par BFM TV.
Lieux de vaccination
Pour faire le point, la chaîne a joint des spécialistes de la santé, comme le médecin Serge Gilberg, ancien membre du Comité technique de vaccination. Celui-ci a expliqué cette différence entre l’administration des doses d’AstraZeneca et celles des autres vaccins par les lieux de vaccination.
Ainsi, selon M.Gilberg, les doses des vaccins Pfizer et Moderna ont été injectées dans des centres de vaccination et dans des hébergements spécialisés comme les Ehpad. En ce qui concerne AstraZeneca, c’est le premier vaccin autorisé pour l’administration par les médecins généralistes, la médecine du travail et bientôt par les pharmaciens.
«Pour AstraZeneca, les médecins généralistes sont mobilisés. Il n’y a eu qu’un seul flacon livré par médecin la première semaine et certaines commandes ne sont toujours pas arrivées, ce qui ralentit la vaccination. À cela, il faut ajouter les vacances scolaires: certains médecins ne travaillaient pas cette semaine. Ce n’est qu’une question de temps avant que les stocks ne soient administrés», dit-il.
Cecil Czerkinsky, directeur de recherche en immunologie à l’INSERM, ajoute: «la population initialement priorisée pour les vaccins Pfizer et Moderna cible un nombre de sites plus réduit (Ehpad, hopitaux). AstraZeneca est déployé chez les médecins généralistes, puis les pharmaciens et les centres de vaccination. Dans le premier cas, le vaccin va au patient; dans le second, les personnes vont au vaccin, ce qui rend leur déploiement plus facile et donc plus rapide.»
Pas de «mouvement spontané»
Un faible engouement pour le vaccin AstraZeneca, notamment au sein du personnel de santé, est également évoqué. Selon Serge Gilberg, «il n’y a pas eu de mouvement spontané vers la vaccination de la part du personnel de santé». Au-delà de la volonté, «la démarche n’était pas très bien expliquée», concède-t-il.