La crise sanitaire, qui s’est greffée à la crise économique et financière qui frappe l’Algérie depuis 2014, pourrait provoquer la disparition de plus de 40% des entreprises privées, alerte le président d’une organisation patronale dans une déclaration au journal Liberté. Selon lui, les banques publiques et privées devraient accompagner ces PME.
Dans un entretien accordé au quotidien Liberté, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Abdelouaheb Ziani, tire la sonnette d’alarme quant au risque imminent de voir près de la moitié des entreprises privées mettre la clé sous la porte à cause de la pandémie de Covid-19. Selon lui, l’État via ses banques doit venir en aide à ces PME, faute de quoi un important savoir-faire et outil de construction de production pourrait définitivement disparaître.
«Plus de 40% des entreprises, notamment du BTPH, matériaux de construction, etc., sont actuellement en voie de disparition», alerte M.Ziani. «Si l’on perd ces sociétés, créées il y a dix ou 20 ans, il sera difficile de les remplacer du jour au lendemain», estime-t-il, soulignant, qu’en cas de dépôt de bilan, les ressources humaines sombreront «dans une déperdition, freinant ainsi l’évolution et l’essor des différents secteurs d’activité».
Et de préciser qu’actuellement «les entreprises ne tournent qu’à hauteur de 20% de leurs capacités».
Ainsi, Abdelouaheb Ziani appelle le gouvernement à accompagner «les entreprises dans l’exercice de leur métier», suggérant la levée de toutes les contraintes bureaucratiques, les résistances et les réticences à tous les niveaux de responsabilité.
Certaines banques n’appliquent pas les instructions de l’État?
À ce titre, le président de la Cipa informe que son organisation a entamé des démarches auprès des banques publiques afin d’étudier la situation financière des entreprises impactées par la crise et de tenter de trouver des solutions à leurs problèmes.
Selon lui, le Crédit populaire d’Algérie (CPA), la Banque extérieure d’Algérie (BEA) et la Banque de l’agriculture et du développement rural (Badr) se sont engagés à entamer des discussions avec les chefs d’entreprises «dans le but de trouver la meilleure formule qui leur permettra de se relancer dans leur créneau».
«Ce n’est pas le cas des banques privées, notamment européennes, qui n’ont pas jugé utile d’aider ces entreprises pendant cette crise sanitaire et économique», déplore-t-il, précisant qu’«il y a eu instruction pour accompagner les entreprises en difficultés, mais elles n’en ont pas tenu compte».
L’état des lieux
L’Algérie, dont l’économie repose à 98% sur l’exportation des hydrocarbures tirées essentiellement des deux gisements de Hassi R’mel et de Hassi Messaoud, fait face à une crise économique et financière depuis la chute des prix du pétrole en 2014.
Cette situation a également levé le voile sur un important recul des volumes d’exportation masqué auparavant par le prix élevé du baril qui s’était établi autour des 100 dollars.
Lundi 1er mars, le Président de la République Abdelmadjid Tebboune a indiqué, lors d’un entretien télévisé, que les réserves de change du pays oscillaient autour de 42 et 43 milliards de dollars.
Ces réserves étaient à près de 195 milliards de dollars fin 2014, selon la Banque d’Algérie, avant d’entamer une tendance baissière conduisant à la fusion d’environ 78% du matelas initial.