La France a «menti» et a «dissimulé» la dose de radioactivité lors des essais nucléaires en Polynésie – video

Entre 1966 et 1996, la France a effectué 193 tirs nucléaires depuis le Pacifique. Le niveau de radioactivité à laquelle a été exposée la population de la Polynésie lors de ces essais a été largement sous-évalué, révèle une enquête du média d’investigation Disclose.

L’ONG de journalisme d’investigation Disclose, en partenariat avec Interprt, organisation qui défend la justice environnementale, et l’université de Princeton, ont enquêté pendant deux ans sur les essais nucléaires français depuis les atolls de Mururoa et Fangataufa, situés dans le Pacifique, à plus de 15.000 kilomètres de la métropole. Leur enquête «dévoile les mensonges et dissimulations de l’État sur la contamination de la Polynésie française».

Ayant analysé les 2.000 documents déclassifiés par l’Armée française en 2013, le spécialiste des questions nucléaires Sébastien Philippe, de l’université américaine de Princeton, a notamment modélisé la trajectoire du nuage atomique du 41e essai, baptisé Centaure et réalisé en juillet 1974. «Rien ne s’est passé comme prévu», disent les investigateurs.

La modélisation permet, selon ses auteurs, de montrer «comment les autorités françaises ont tenté de dissimuler pendant plus de 50 ans l’impact réel des essais sur la santé des populations». Elle montre ainsi qu’au lieu de se diriger, comme prévu, vers les atolls de Tureia et de Hao, situés au nord, et de se disperser dans le Pacifique, le nuage est parti vers Tahiti, la principale île de la Polynésie française, et les îles Sous-le-Vent.

Le nuage radioactif s’est élevé moins haut que prévu, à 5.200 mètres au lieu de 8.000. C’est ce qui a empêché les vents de l’emporter vers le nord. «Les pluies toxiques contaminent tout sur leur passage», explique une vidéo présentant cette modélisation.

Ce passage a pris des heures, mais l’armée a choisi de ne pas prévenir les populations et ne les a pas confinées, constatent les enquêteurs. Leurs estimations des doses de radioactivité reçues par les habitants «sont entre deux et dix fois plus élevées que les calculs officiels».

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