Royaume-Uni : la police accusée d’utiliser les mesures anti-Covid pour empêcher des manifestations

Outre-Manche, des associations dénoncent un usage abusif des règles de distanciation sociale par les forces de l’ordre afin d’entraver le droit le droit à manifester.

La police britannique est accusée par des associations d’abuser de la réglementation visant à lutter contre la propagation du Covid-19 dans le but d’empêcher ou d’interrompre certaines manifestations. Des accusations qui surviennent alors que quatre personnes ont été arrêtées lors d’un rassemblement en hommage à une femme de 33 ans assassinée, interdit pour raisons sanitaires.

Comme le rapporte le journal britannique The Guardian, le «réseau pour le contrôle de la police» Netpol a relevé au moins neuf cas médiatisés où la police a utilisé la réglementation anti-Covid contre des manifestants. Il s’agissait par exemple de deux demandeurs d’asile qui protestaient devant la caserne Napier à Folkestone, d’une femme condamnée à une amende de 500 livres pour avoir organisé une manifestation suite à la mort d’un homme survenue après une garde à vue à Cardiff (Pays de Galles), ou encore d’une infirmière ayant organisé une manifestation dénonçant les bas salaires des soignants, qui a écopé d’une amende 10 000 livres à Manchester.

L’organisation de défense des droits de l’homme Liberty a elle aussi affirmé que la police utilisait trop fréquemment et sans discernement la réglementation anti-Covid pour disperser des manifestations, arrêter des participants, et délivrer des amendes aux organisateurs de ces évènements, que l’association considère comme sans danger manifeste pour la santé publique. «Même au milieu d’une pandémie, les gens ne devraient pas être criminalisés en masse pour avoir exercé leur droit fondamental de manifester», a ainsi déclaré Gracie Bradley, directrice par intérim de Liberty.

«Au cours des derniers mois, j’ai été menacé d’une amende Covid à chaque fois que j’ai participé à une manifestation»

Toujours selon The Guardian, la police est également accusée d’avoir utilisé la législation anti-Covid contre des avocats. Ainsi, un dénommé Paul Powlesland aurait reçu une amende lorsqu’il se rendait à la manifestation pour parler à l’un de ses clients. Il a déclaré que les agents l’ont d’abord menacé d’arrestation avant de lui dresser une amande de 200 livres pour non respect des mesures de distanciation sociale. «Au cours des derniers mois, j’ai été menacé d’une amende Covid à chaque fois que j’ai participé à une manifestation – et pourtant je n’ai jamais été menacé d’une amende à aucun autre moment […] Ils abusent de la loi pour réprimer les manifestations», a déclaré l’avocat.

Le 12 mars, les organisateurs d’une veillée pour Sarah Everard – dont un policier est accusé du meurtre – avaient lancé un recours juridique d’urgence contre la police de Londres, celle-ci ayant interdit le rassemblement prévu le lendemain pour raisons sanitaires. Devant le tribunal, la police avait reconnu ne pas avoir le pouvoir d’imposer une interdiction générale des manifestations, comme le rappelle The Guardian. Quatre personnes ont cependant été arrêtées lors de cette manifestations regroupant un milliers de personnes souhaitant dénoncer l’insécurité que les femmes éprouvent lorsqu’elles sortent seules le soir.

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