Réformes: Emmanuel Macron dans le «money time»

Quelles réformes Emmanuel Macron va-t-il mener à leur terme d’ici à la prochaine présidentielle ? Lesquelles seront abandonnées ? Le temps file. À un an de l’élection, c’est l’heure des choix pour le chef de l’État dont le quinquennat est bousculé par la gestion de la crise sanitaire.

On est entré dans le « money time » s’amuse une ministre. Comme en basket, ce sont les dernières minutes du match, le moment décisif où tout se joue. C’est pour cela que chacun au sein du gouvernement et dans la majorité présidentielle pousse pour les réformes qu’il juge indispensable.

Par exemple, l’introduction de la proportionnelle aux élections législatives, afin que le Parlement soit plus représentatif du vote des Français. Une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, enterrée en milieu de quinquennat à cause notamment de l’opposition du Sénat, et qu’a remise sur la table avec insistance François Bayrou, le président du Modem, principal allié du chef de l’État. Mais cette semaine, les chefs de file de la majorité à l’Assemblée ont dit non – conditions pas réunies, calendrier trop serré. Cette promesse-là ne sera pas tenue.

Quid des retraites ?

Autre réforme emblématique qui devrait passer à l’as, celle des retraites. Elle s’est fracassée sur la crise sanitaire il y a un an. Comme pour conjurer le sort, le président et plusieurs ministres assurent pourtant qu’elle n’est pas enterrée car pour le pouvoir, elle est emblématique du côté réformateur du chef de l’État.

Mais, alors qu’Emmanuel Macron est accaparé par la gestion de la crise de la Covid-19, le temps semble beaucoup trop court pour engager une réforme d’ampleur, qui change le système des retraites, sauf à opter pour une réforme classique pour faire des économies.

L’extension de la PMA ira-t-elle au bout ?

De son côté, le président – mobilisé par la crise sanitaire – veut utiliser le temps qu’il lui reste pour favoriser l’égalité des chances. Au Parlement, il faut finir l’examen des projets de lois en cours : la loi sur le séparatisme, celle sur le climat, celle sur la justice, qui font partie des priorités. Mais cela crée un embouteillage au Parlement. Conséquence, une réforme traîne en longueur, celle sur l’extension de la PMA, la procréation médicalement assistée, à toutes les femmes. Plusieurs fois reportée, elle doit faire son retour devant les députés au printemps.

Le « sociétal », angle mort du quinquennat

Pour une partie de la majorité présidentielle, le « sociétal » est l’angle mort, le point faible du quinquennat. Pour y remédier, des députés marcheurs font feu de tout bois. Certains sont prêts à soutenir des textes sur la fin de vie et l’euthanasie ou encore sur la légalisation du cannabis. D’autres poussent aussi pour que le projet de loi sur la prise en charge de la dépendance (qui était une promesse de campagne) soit inscrit à l’agenda.

Des initiatives qui ont peu de chance d’aboutir d’ici un an mais qui mettent le gouvernement dans l’embarras : « On ne peut pas traiter ces sujets en une après-midi de débat », s’agace un ministre. Les stratèges de la Macronie se veulent rassurants et affirment que ces projets pourraient être repris dans le cadre de la future campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Argument à double tranchant : il souligne en creux le fait que le chef de l’État n’a pas fait tout ce qu’il avait promis.

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