Après Lyon, la mairie de Rennes veut également adopter son propre budget «genré»

Les municipalités de Lyon et Rennes veulent mettre en place des budgets «sensibles au genre», avec une réorientation des subventions en faveur d’une plus grande parité entre les activités jugées masculines et féminines.

La municipalité socialiste et écologiste de Rennes va présenter le 29 mars un budget «sensible au genre», rapporte France 3, sur le modèle de ce qu’a déjà annoncé la mairie de Lyon début mars. L’objectif est d’orienter les subventions de la collectivité en faveur de l’égalité entre hommes et femmes.

Pour cela, il faut «analyser les conséquences directes et indirectes des dépenses et des recettes publiques sur la situation respective des femmes et des hommes», souligne une note du Trésor public de novembre 2019 sur laquelle s’appuient les promoteurs des budgets dits «genrés». Ainsi, selon le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, «des études démontrent, par exemple, que les financements alloués aux sports majoritairement pratiqués par les hommes sont supérieurs à ceux pratiqués majoritairement par les femmes».

A Rennes, où la mairie est tenue par Nathalie Appéré (PS), l’adjointe aux Finances Nadège Noisette a confirmé auprès de L’Opinion que le budget de la Ville a été élaboré sur la base d’«indicateurs autres que purement financiers, tels que le genre […] Pour les subventions, comme l’achat d’œuvres d’art, on tend aussi vers un équilibre entre femmes et hommes artistes».

«On peut donner l’impression de renforcer les stéréotypes»

La mairie écologiste de Lyon doit faire adopter le 25 mars son propre budget «genré», ce qui ferait de la métropole rhodanienne la première grande ville française à se convertir à ce système recommandé par l’ONU, le Conseil de l’Europe et l’OCDE. «Le budget genré est simplement un diagnostic permettant un débat sur des bases rationnelles. Si l’on constate que 70% des subventions sportives vont à des clubs essentiellement masculins, je demande à la droite, est-ce satisfaisant que les familles soient obligées de dépenser plus d’argent pour que leur fille fasse du sport ?», a détaillé dans L’Opinion Audrey Henocque, adjointe aux Finances à Lyon.

«Il ne s’agit pas de dire qu’il y a trop d’hommes dans les piscines et demander aux établissements de faire le tri. Ni de couper les subventions à des associations qui accueilleraient trop de garçons. L’objectif est de trouver des solutions pour favoriser la mixité en modifiant, par exemple, les créneaux d’occupation des équipements sportifs», a développé auprès de 20 Minutes Florence Delaunay, adjointe lyonnaise en charge des Droits et de l’égalité.

Mais sur quelle base les activités sont-elles jugées plus masculines ou plus féminines ? Le principe du budget «genré» peut en effet apparaître comme paradoxalement stéréotypé, le football étant par exemple automatiquement associé aux hommes : «Même si on peut donner l’impression de renforcer les stéréotypes, il n’y a pas de raison que les clubs de gym aient moins de subventions que les clubs de football. Et dans un deuxième temps on peut encourager les garçons à oser des activités considérées comme féminines et inversement», a balayé Audrey Henocque dans L’Opinion.

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