Tokyo a accusé la Corée du Nord d’avoir lancé deux missiles balistiques en mer du Japon. Un tir qui aurait eu lieu peu après le déplacement à Séoul du secrétaire d’Etat et du secrétaire à la Défense des Etats-Unis.
Ce 25 mars, la Corée du Nord a lancé deux missiles dans la mer du Japon, selon Tokyo qui a déclaré qu’il s’agissait de missiles balistiques, dont le tir constitue une violation de résolutions de l’ONU. Le lancement d’engins de ce type, s’il est confirmé, constituerait un défi pour l’administration du président américain Joe Biden.
Le tir a d’abord été annoncé à Séoul, où l’état-major interarmes sud-coréen a déclaré dans un communiqué que deux «projectiles non identifiés» avaient été lancés dans la mer du Japon, appelée «mer de l’Est» en Corée.
L’état-major a affirmé que le tir avait eu lieu depuis la province de Hamgyong du Sud, située dans le centre-est de la Corée du Nord. Les missiles ont parcouru une trajectoire de 450 kilomètres et atteint une attitude maximale de 60 kilomètres, selon l’état-major sud-coréen, qui n’a pas spécifié précisément de quel type d’engin il s’agissait.
Les militaires ont ajouté que l’armée sud-coréenne avait «renforcé sa posture de surveillance, en coordination rapprochée avec les Etats-Unis», principal allié de la Corée du Sud. La Maison Bleue, le palais présidentiel sud-coréen, a annoncé une réunion imminente du conseil de sécurité nationale.
Au Japon – autre allié régional des Etats-Unis – le Premier ministre Yoshihide Suga a été catégorique: «La Corée du Nord a lancé deux missiles balistiques», a-t-il affirmé à des journalistes, rappelant que le dernier tir de missile balistique réalisé par la Corée du Nord remontait à il y a près d’un an, le 29 mars 2020. «Cela menace la paix et la sécurité de notre pays et de la région. C’est aussi une violation de la résolution de l’ONU», a également déclaré le chef du gouvernement japonais.
Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent à Pyongyang la poursuite de ses programmes d’armements nucléaires et de missiles balistiques. Mais la Corée du Nord, bien que frappée par de multiples sanctions internationales, a rapidement développé ses capacités militaires au cours des dernières années : elle a procédé à plusieurs essais nucléaires et testé avec succès des missiles balistiques capables d’atteindre les Etats-Unis.
La Corée du Nord avait lancé deux missiles le 21 mars peu après une visite à Séoul du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et du secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Il s’agissait du premier tir nord-coréen connu depuis l’arrivée à la Maison Blanche du président Joe Biden. Mais des responsables américains avaient affirmé par la suite qu’il s’agissait de deux missiles de courte portée, non balistiques. Ces responsables avaient donc minimisé l’importance des tirs en expliquant que ces engins étaient classés «dans la catégorie des activités militaires normales du Nord».
Ces tirs «ne sont pas sanctionnés par les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU contre le programme de missiles balistiques» de Pyongyang, selon un responsable américain sous couvert de l’anonymat. Le président Biden lui-même avait déclaré à des journalistes à propos des tirs du 21 mars : «Selon le département de la Défense, c’est quelque chose d’ordinaire.»
La tournée dans la région d’Antony Blinken et Lloyd Austin avait pour objectif de discuter avec les alliés des Etats-Unis de questions de sécurité liées en particulier au potentiel de la Corée du Nord en matière d’armement nucléaire et de missiles de longue portée.
Un message envoyé par Pyongyang à Washington ?
Pendant leurs visites à Séoul et à Tokyo, les deux responsables américains ont insisté à plusieurs reprises sur l’importance d’une dénucléarisation de la Corée du Nord.
En réponse, Choe Son Hui, première vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, a sévèrement attaqué «le nouveau régime» en place aux Etats-Unis, sans jamais nommer Joe Biden. Depuis son commencement, la nouvelle administration n’a fait qu’exposer «sa théorie démente de « la menace de la RPDC » et sa rhétorique sans fondement sur une « dénucléarisation complète »», a déclaré cette haute responsable, utilisant l’acronyme du nom officiel du pays, la République populaire démocratique de Corée.
La présidence de Donald Trump avait donné lieu dans un premier temps à des échanges tendus et à des menaces de guerre nucléaire entre le chef d’Etat américain et son homologue nord-coréen Kim Jong-un, puis à une détente diplomatique marquée par les sommets historiques de Singapour et de Hanoï entre les deux dirigeants. Ces relations n’avaient toutefois pas conduit à des avancées vers une dénucléarisation de la Corée du Nord; le sommet de Hanoï de février 2019 ayant échoué sur la question de l’allègement des sanctions réclamé par Pyongyang en échange d’éventuelles mesures de désarmement.
Le tir du 25 mars «signale le début d’une pression de Pyongyang sur Washington pour des discussions sur le nucléaire», selon Yoo Ho-yeol, professeur émérite d’études nord-coréennes à l’Université de Corée qui s’exprimait auprès de l’AFP. Des responsables américains ont déclaré que l’administration Biden avait tenté depuis son arrivée d’entrer en contact avec Pyongyang par plusieurs canaux mais qu’elle n’avait pas obtenu de réponse.