Face aux 2,5 millions d’euros versés par la mairie EELV de Strasbourg pour la construction d’une mosquée, Jordan Bardella propose une solution radicale: dissoudre l’association pro-turque qui se trouve derrière ce lieu de culte et qui joue «au jeu de dupes d’Erdogan».
La subvention de plus de 2,5 millions d’euros pour la construction d’une mosquée de Millî Görüs, association réputée proche de la Turquie, ne cesse de faire des remous en France.
Invité de BFM TV et RMC ce vendredi matin, le numéro deux du Rassemblement national (RN) n’a pas manqué d’évoquer ce financement fait par la mairie de Strasbourg, taclant la politique étrangère turque.
«Je pense que Recep Tayyip Erdogan est une menace pour l’Europe et un danger pour la France», a déclaré M.Bardella, étant donné que l’association Millî Görüs, implantée dans plusieurs pays européens, a été accusée d’être un agent d’influence d’Ankara par l’exécutif.
«Il y a quelques années, monsieur Erdogan avait dit: « Les minarets sont nos baïonnettes, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats ». Si l’actuel patron de l’exécutif turc n’a pas écrit ces mots, extraits d’un texte turc du XXe siècle, il les a bien prononcés en 1998», a rappelé le responsable du RN.
Il s’est prononcé pour «des sanctions extrêmement fermes à l’égard de la Turquie, mettre fin au jeu de dupes d’Erdogan qui est devenu un véritable danger pour les intérêts français, la culture française, la laïcité et l’indépendance de notre pays».
Le vice-président du Rassemblement national a également rappelé l’attitude agressive d’Ankara à l’égard de la Grèce, dont la souveraineté maritime a été contestée dans la Méditerranée.
«Je vous rappelle qu’il a soumis la Grèce à un chantage migratoire insupportable et insoutenable il y a quelques mois, qu’il a menacé d’ouvrir le feu sur des frégates et des navires de l’armée française en mer Égée, il y a quelques mois», a souligné M.Bardella.
En effet, le ministre grec des Migrations a appelé le 17 mars la Turquie à reprendre 1.450 migrants déboutés du droit d’asile en Grèce, y voyant «une belle occasion» pour Ankara «de démontrer sa volonté de coopérer avec l’UE et faire respecter» la déclaration signée en 2016 pour réduire le flux de migrants vers l’Europe.
Ce projet de mosquée polémique est porté par l’association Milli Görüs (Vision nationale, en turc), qui veut faire de la mosquée Eyyub Sultan la plus grande d’Europe. Le coût de construction du bâtiment (mosquée plus salles d’étude) est estimé à 32 millions d’euros, financés par des dons.
Pour le numéro deux du RN, l’association rassemble des «islamistes radicaux» et doit être dissoute.
«Je demande au ministre de l’Intérieur: quand on a une association qui refuse de signer une charte dans laquelle il est dit clairement que les principes républicains sont supérieurs aux lois islamiques, pourquoi cette association n’est pas dissoute? Pourquoi on n’engage pas la fermeture des 70 mosquées radicales aux mains des Millî Görüs?»
Dans une interview accordée à C dans l’air et enregistrée à l’Elysée le mardi 2 mars 2021, Emmanuel Macron s’en était lui-même pris au Président Erdogan, l’un des dirigeants avec lesquels il a les rapports les plus difficiles.
«Évidemment. Il y aura des tentatives d’ingérence pour la prochaine élection. C’est écrit, et les menaces ne sont pas voilées», a déclaré M.Macron. «Certains Européens pensent qu’être dur avec la Turquie c’est prendre un risque, celui de la voir partir encore plus loin… Mais l’Otan n’est pas suffisamment claire vis-à-vis de la Turquie, qui est un allié. Il faut clarifier la place de la Turquie au sein de l’Alliance», a affirmé le Président.
Ainsi, le Président de la République avait soutenu Gérald Darmanin qui a accusé la mairie de Strasbourg de «financer une ingérence étrangère» en validant le principe de la subvention pour le chantier d’une mosquée.