Avec la mise à échelle de la production du vaccin Spoutnik V, la Russie sera en mesure de fournir des doses au monde entier, assure le directeur du Centre Gamaleïa. M. Guinzbourg, sans toutefois donner des délais. Dotées de technologies de production d’anticorps monoclonaux, certaines entreprises peuvent être concernées par cette mobilisation.
Alors que plusieurs pays ont déjà approuvé la production du vaccin anti-Covid Spoutnik V sur leurs territoires, les chercheurs russes sont capables de mettre à l’échelle la production pour en fournir au monde entier, a déclaré le directeur du Centre Gamaleïa Alexandre Guinzbourg, dans un entretien accordé au quotidien russe Izvestia.
«Au départ, lorsque nous avons mis au point notre médicament, il était évident pour moi que quelle que soit la somme octroyée par le gouvernement, je ne pourrais pas créer une chaîne de production susceptible de couvrir tout le pays. Alors qu’aujourd’hui, les projets sont plus larges, et c’est un euphémisme de le dire. On nous pose la question de savoir si nous pouvons couvrir le monde entier. Nous répondons que oui. Aujourd’hui, nous voulons livrer le Spoutnik dans 50 pays supplémentaires», a-t-il expliqué.
Selon ses dires, si «toute la production pharmaceutique mondiale se focalise sur la production du vaccin anti-Covid, toutes les plateformes ne pourront produire que 15% du médicament nécessaire pour vacciner 7,5 milliards de personnes».
Comme «c’est un fait clinique, il était tout de suite clair qu’il fallait charger toutes les capacités du pays et nous n’étions pas du tout en retard. Nous nous sommes tout de suite unis et avons commencé à travailler ensemble», poursuit le directeur du Centre Gamaleïa.
M.Guinzbourg a expliqué que les plateformes qui fabriquent des anticorps monoclonaux et répondent aux exigences de biosécurité pour travailler avec des agents pathogènes sont celles qui ont les qualités requises pour participer à la production.
Bien qu’elles soient peu nombreuses en raison de leur coût élevé, certaines d’entre elles comme Biocad, Generium, R-Pharm et Binnopharm ont été réaménagées avec de nouvelles technologies du Centre Gamaleïa. Le volume de leurs productions a été multiplié plusieurs dizaines, voire centaines de fois, a-t-il indiqué.
Capacités de production:
À la mi-mars, le Centre Gamaleïa a fait savoir que plus de 10 millions de doses avaient déjà été produites. Ce alors que 80 millions de doses sont attendues d’ici fin du deuxième trimestre, selon Denis Mantourov, ministre russe de l’Industrie et du Commerce.
Quant à la production par des entreprises étrangères, celle prévue sur le territoire italien devrait atteindre 10 millions de doses par mois d’ici le mois de mai, a précisé M.Guinzbourg.
De même, 200 millions de doses par an seront produites par la compagnie indienne Virchow Biotech Private Limited, selon le RFPI. En plus de cela, l’organisation russe et la compagnie chinoise Shenzhen Yuanxing Gene-tech ont conclu un accord de production de plus de 60 millions de doses à partir du mois de mai. La compagnie brésilienne Uniao Quimica devra également produire 150 millions de doses par an, indique le RFPI.
Il est également prévu que la Biélorussie produise 500.000 doses par mois, alors que le processus a démarré en mars. Au Kazakhstan, la production de plus de deux millions de doses par mois est prévue, avec une augmentation potentielle jusqu’à cinq.
De potentiels producteurs du vaccin:
Certaines entreprises françaises, allemandes, italiennes et espagnoles ont conclu un accord de production du Spoutnik V, a annoncé le Fonds russe d’investissements directs (RFPI), ainsi que l’Inde, l’Iran, la Chine et le Brésil où la production a été lancée en janvier.
Afin de démarrer le processus, ils attendent l’enregistrement du vaccin auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Le gouvernement grec étudie également la possibilité de produire des doses du médicament, au même titre que celles du vaccin Moderna.
La disponibilité de l’UE pour aider la Russie à produire son vaccin a été affirmée par Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, qui a plus tard nié que les 27 aient besoin de ce médicament. Des propos auxquels le Président russe a répondu en rappelant que Moscou «n’imposait rien à personne».
Quelques jours plus tard, le responsable européen a indiqué que tous les vaccins étaient «les bienvenus». Mais comme le lancement de sa fabrication prendra environ un an, cela ne résoudra pas le «problème qui est le nôtre».
Efficacité contre les variants:
Interrogé à propos d’une éventuelle nécessité de changer la composition antigène du Spoutnik V en raison de la propagation des variants du SARS-CoV-19, M.Guinzbourg a répondu ne pas avoir de certitude car «nous sommes en train de l’étudier»:
«Nous avons pu montrer que notre vaccin était efficace et qu’il protégeait contre la souche britannique. Nous étudions toujours la sud-africaine. Ce qui me préoccupe le plus, c’est la nécessité de mener un travail continu de détection des nouvelles souches. Afin d’étudier les nouvelles caractéristiques du virus, on a besoin de rongeur à récepteur humain à travers lequel le Covid-19 pénètre dans nos cellules. Notre institut en dispose», a-t-il fait savoir.