Le tribunal administratif de Paris a estimé que SOS Racisme n’avait «pas d’intérêt à agir» dans son recours contre la prise en charge par l’Etat des frais de justice des policiers poursuivis pour avoir frappé le producteur de musique Michel Zecler.
Le recours de l’association SOS Racisme contre la prise en charge par l’Etat des frais de justice des policiers poursuivis pour avoir violemment interpellé le producteur noir Michel Zecler a été rejeté le 31 mars par le tribunal administratif, a appris l’AFP le 1er avril d’une source proche du dossier et auprès de l’association.
Statuant en référé, le tribunal administratif de Paris a estimé selon cette source que SOS Racisme n’avait «pas d’intérêt à agir», en soulignant que l’attribution de «la protection fonctionnelle» concernait «l’employeur et l’employé» – en l’occurrence le préfet de police de Paris Didier Lallement et les policiers mis en cause. Le recours n’étant ainsi pas jugé recevable, le tribunal n’a pas eu à se prononcer sur le fond.
Le président de SOS Racisme Dominique Sopo a réagi auprès de l’AFP en ces termes : «L’Etat, appuyé par la justice administrative, explique que ces actes ne sont pas susceptibles d’être contestés. A part une association qui se serait montée pour contester la protection fonctionnelle, personne n’a donc intérêt à agir. C’est un problème.»
«On continue à dire qu’il y a un rapport direct entre la protection fonctionnelle de personnes qui se sont comportées de la sorte et mises en examen pour agression raciste et l’objet de notre association», a-t-il poursuivi.
SOS Racisme avait saisi fin janvier le tribunal administratif de Paris, estimant que l’attribution de cette aide était «une décision aberrante» du préfet. Quatre policiers ont été mis en examen le 30 novembre et trois d’entre eux – soupçonnés d’avoir porté les coups – l’ont été pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique», avec plusieurs circonstances aggravantes, dont celle de racisme. Les images de l’interpellation violente du producteur de musique avaient soulevé une vague d’indignation jusqu’au sommet de l’Etat, Emmanuel Macron évoquant une «agression inacceptable» et des «images qui nous font honte».