Environ un mois après le dépôt du dossier de validation du Spoutnik V auprès de l’EMA, les estimations des officiels français sur les délais de son autorisation possible dans l’UE diffèrent de quelques mois. Cependant, le Spoutnik V pourrait devenir le 5e vaccin autorisé au niveau européen dans la première moitié de l’année.
Cette semaine deux membres du gouvernement français se sont exprimés sur les délais d’autorisation possible du vaccin russe contre le coronavirus, Spoutnik V, dans l’UE. Les estimations étaient différentes et ont fait perdurer l’impression d’une faible coordination des prises de parole entre les représentants du pouvoir exécutif en France, en particulier sur la thématique du Covid-19.
Le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune, a averti ce 1er avril devant la commission des affaires européennes du Sénat que le Spoutnik V ne pourrait pas être autorisé au sein de l’UE «avant la fin du mois de juin». Trois jours plus tôt, répondant à la question sur l’autorisation dans l’UE du vaccin russe, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher avait estimé, sur le plateau des Grandes Gueules, que le dossier d’évaluation du Spoutnik V, déposé pour une revue scientifique auprès de l’EMA début mars, sera «examiné aussi rapidement que possible mais rapidement, c’est deux mois».
Dans le contexte de «la cacophonie des prises de parole incessantes et contradictoires des membres du gouvernement», critiquée la veille par le président du Sénat Gérard Larcher, une divergence d’opinions pareille n’est pas surprenante comme telle.
Qu’en est-il des quatre autres vaccins?
En même temps, une courte analyse des différents stades d’examen par l’Agence européenne des médicaments (EMA) des dossiers des quatre vaccins actuellement autorisés dans l’UE montre que la période à partir du début de la revue scientifique jusqu’à la décision d’autoriser la mise sur le marché peut varier de sept semaines à quatre mois.
Pour l’instant, le record de rapidité est détenu par le vaccin Moderna dont le dossier a été déposé le 16 novembre pour recevoir sa décision d’autorisation positive de l’EMA le 6 janvier. Par contre, pour la préparation d’AstraZeneca, qui porte actuellement le nom de Vaxzevria, il a fallu quatre mois afin de répondre à toutes les exigences européennes: le dossier déposé le 1er octobre n’a été finalement approuvé que le 29 janvier.
Le vaccin de l’alliance Pfizer-BioNTech, le premier en Europe, a passé toutes les étapes d’autorisation au sein de l’EMA en moins de trois mois: du 6 octobre au 21 décembre. Et le moyen d’immunisation contre le Covid-19 élaboré par Johnson&Johnson, mis sur le marché européen après le 11 mars, a reçu toutes les autorisations en trois mois et demi.
Commentant le début de la revue scientifique du Spoutnik V par l’EMA, le directeur général du Fonds d’investissements directs de Russie (RFPI) Kirill Dmitriev a estimé:
«Suite à l’approbation de l’EMA, nous serions en mesure de fournir des vaccins pour 50 millions d’Européens à partir de juin 2021.»
Il est peu probable que le Spoutnik V batte le record de rapidité d’approbation paneuropéen du Moderna, mais le moyen d’immunisation russe garde toutes ses chances de devenir le 5e vaccin autorisé au niveau de l’UE dans la première moitié de l’année en cours. Qui vivra, verra – dans tous les sens de cette expression, et il semble également certain que cet acteur complémentaire sur les champs français et européen de lutte contre le Covid-19 ne sera pas inutile.